Interview du directeur financier de l’INFJ sur l’affaire des bourses impayées (suite et fin)

En vue de certaines explications suite à la plainte des étudiants concernant les impayés de leurs bourses, Infos d’Ivoire a interrogé le directeur financier de l’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ), N’Drin Azalé Guy, le mardi 13 avril 2021. Suite et fin…

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Revenons au paiement des bourses. De 2018 à 2021, ça fait quand même long !

Oui, ça fait long, nous savons. L’administration est une continuité. Quand moi j’ai pris le poste, je me suis rendu compte qu’effectivement c’était long. Mais il n’y a pas une autre voie que de constater qu’il y a un texte. C’est sur la base de ce texte que nous payons. Nous ne pouvons pas dire comme ça mis du temps, nous à l’INFJ, nous allons vous payer quand même et après… Non. Si on paye et qu’on reçoit un contrôle, on va nous demander sur la base de quoi nous avons payé. Est-ce que vous comprenez. Mais on sait que ça fait long, c’est pourquoi les directeurs d’école s’évertuent chaque fois à suivre les dossiers pour que ça sorte le vite possible.

Ils ont signifié le fait que vous leur avez promis qu’ils toucheraient leurs bourses avant 2021, puis en 2021 avant qu’ils n’aillent en stages, et au bout du fil, ils se retrouvent sur le terrain sans un seul rond. Ils souffrent, dorment dans des conditions difficiles…

Non, je suis désolé. Nous n’avons rien promis. Vous savez, pour avoir pratiqué avec beaucoup d’expérience, je sais quand les étudiants sont dans une disposition d’attente et que vous leur dites de patienter que les choses vont se faire, naturellement nous-mêmes avons été dans ce cas, naturellement ils entendent autre chose. Ils se disent ah voilà, il nous a dit c’est dans 2 mois, non. Nous ne pouvons pas promettre, nous avons tenu le même langage. Ils savent le problème. J’ai reçu la déléguée d’une promotion qui était dans ce cas, je lui ai expliqué. J’ai dit, nous on espère que ça va aboutir d’ici là. Franchement, le problème n’est pas au niveau de l’INFJ, puisque nous attendons les textes. Sinon comment vous pouvez comprendre qu’on choisisse, c’est-à-dire les dirigeants de l’INFJ choisissent de payer un tel cycle et puis on ne paye pas les autres. Mais pourquoi, au nom de quoi, quel intérêt avons-nous à faire ça ? Il y a des promotions qui ont vite eu les papiers, on a payé. Et puis, il y a certains qui n’ont pas encore les documents.

Pour vous qui êtes aux affaires au niveau des finances, est-ce que vous avez quand même une certaine appréhension de date, pour que quand ils voient, ils sachent qu’il y a des choses qui sont en train d’être faites ? Aujourd’hui, qu’est-ce que vous pouvez dire à ces jeunes qui disent qu’ils sont dans des conditions difficiles à l’intérieur du pays, ils n’arrivent plus à payer leur loyer, à manger convenablement et même à payer le transport pour aller dans leurs différents services ? 

Ce que je peux dire c’est que les bourses ont été budgétisées. Ça se trouve dans notre budget, l’Etat a toujours répondu en donnant notre subvention qu’il faut. Même quand il y a une hausse d’étudiants, l’Etat répond toujours. Je le sais aussi par expérience, l’Etat fini toujours par régulariser la situation. Ça c’est la seule certitude que je peux leur apporter. Maintenant, à partir du moment où la procédure est extra INFJ, elle dépend d’un autre service. Nous ne pouvons pas leur promettre ou leur donner de date. Ça c’est être franc, quand on leur dire ça, ça les décourage. Mais, je préfère être franc. Sinon, je pense que pour le temps qu’ils ont passé ça doit se faire. La dernière fois, on en parlait en comité de direction, chaque fois on revient dessus. Je pense que les choses avancent. C’est ce que nous pouvons faire. Le problème est réel, mais on y travaille. Actuellement, au niveau de la plupart des EPN, nous n’avons pas encore reçu nos subventions, mais qui vont à coup sûr venir. C’est comme ça, l’année dernière avec le COVID, on les a reçus un peu plus tard. Pour finir, les subventions sont arrivées, l’Etat répond toujours. On veut les encourager dans ce sens, on va faire tout ce qu’il faut, avec la direction générale. Je vais rendre compte de cette interview, et on va voir comment est-ce que la direction générale peut encore faire ce qu’elle a toujours fait.

Là, vous nous dites que ce n’est pas une question d’injustice…

Ce n’est pas une question d’injustice, ce n’est pas une question de manque d’argent, ce n’est pas une question de manque de subvention. Dans ce genre de situation, le plus grave c’est quand il n’y a pas la subvention, là c’est difficile. Ce n’est pas une question de ça. Chaque année, on a la subvention. C’est une question purement administrative. Ils ont été admis, pour qu’on les prenne en compte au niveau de la bourse et qu’on fasse la procédure de paiement de leur bourse, il faut que les papiers attestent qu’effectivement ils ont droit à cette bourse. Ces papiers, ce sont les arrêtés qu’on a pas encore et qui sont en cours d’établissement. Souvent ça prend 6 mois, souvent 1 an. Je ne suis pas au fait de la procédure pour la signature de ces actes administratifs, donc je ne sais pas trop. Voilà le problème. Ce n’est pas au niveau de l’INFJ.

En réunion, au niveau de l’administration générale, qu’est- ce qu’on vous dit par rapport à ce dossier qui traîne ?

Ils nous disent que c’est en cours. Nous croyons, parce que c’est une autre administration qui nous parle. Donc on sait qu’effectivement, ils font le maximum. On n’a pas de raison de douter, il y a eu des fois où c’était en cours, et les dossiers ont abouti. Au niveau de la direction financière, nous n’avons pas de textes qui nous permettent d’engager la procédure. C’est tout, si nous avons ça, on fait. Ce n’est pas une question d’injustice, loin de là. Il y a des règles, il y a des textes qui fixent les montants. Nous ne faisons que suivre la procédure. Nous appelons de tous nos vœux pour que ces textes soient vite signés pour qu’on puisse effectivement payer les bourses des étudiants, parce que nous vivons au quotidien avec eux. Nous savons que ce n’est pas facile. Vivement que votre plume puisse permettre de faire avancer les choses.

Merci de nous avoir reçu. Nous sommes au terme de notre entretien, si vous avez un mot de fin, qu’est-ce que vous direz ? 

Le mot de fin c’est dire que la direction générale au niveau de l’INFJ est fortement engagée sur cette question, la direction générale fait tout pour que tout se passe pour le mieux. Mais nous avons souvent des procédures extra INFJ qui font qu’on est souvent contraint de patienter. Mais à coup sûr, ça se règle toujours. Ça c’est ce que je peux leur dire.

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Par Raphael Okaingni

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