Interview Zongo Adama, PCA ONG CGMF / ‘’100 jeunes formés et insérés dans l’agro-pastoral par mois’’
- Publié le 31, mar 2022
- SOCIETE
Créer en 2009, l’ONG américaine installée en Côte d’Ivoire, Chantry Garden Medical Foundation (CGMF) est une organisation qui intervient dans le domaine de la santé et l’accompagnement des décideurs politiques dans leur projet de développement. Cela passe par la lutte contre l’avancée du VIH/SIDA, l’amélioration des conditions de vie sanitaire et sociale des personnes démunies. Infos d’Ivoire est allé à la rencontre de son Président du Conseil d’Administration (PCA) et chef de mission, Zongo Adama. Il aborde plusieurs questions, notamment sa mission, ses actions, ses activités en cours, son message aux autorités ivoiriennes… Interview !

Parlez-nous de vos missions ?
Notre mission au début était centrée sur le VIH/SIDA et par la suite nous avons agrandi notre objet social pour nous intéresser aux actions humanitaires en accompagnant l’Etat dans tout ce qui est projet qui rentre dans le cadre de nos actions. S’agissant du VIH/SIDA, nous avons par le passé fait beaucoup de sensibilisation et nous avons mis en place les moyens de leur apporter de l’aide (vivres et non-vivres).
Faites-nous un bref bilan de vos activités depuis votre existence ?
Depuis notre envol en 2018 jusqu’à ce jour, nous avons menés des actions au sein du CHU de Treichville qui a permis de faire des dons en vivres et non-vivres aux malades du VIH/SIDA, ainsi qu’à l’hôpital général de Bingerville où nous avons investi plus de 30 millions en vivres et non-vivres. Nous avons effectué des travaux de réfection du site pour que les malades puissent être mieux traités, dans les conditions qu’il faut. En dehors de ça, pour la pandémie de la Covid-19, nous avons investi plus de 200 millions dans les vivres et non-vivres en apportant des produits de première nécessité (gels hydro alcooliques, cache-nez) dans les communes de Bingerville, Yopougon, Gagnoa, Tanda, etc. Toujours dans le cadre de nos actions en faveur de la lutte contre la Covid-19, nous avons désinfecté le ministère des affaires étrangères, le ministère de la défense, la mairie, les hôpitaux, le commissariat, la gendarmerie, le centre des jeunes de Bingerville… Certes, je ne peux pas citer toutes les actions qui été menées, mais je peux dire que nous avons fait quelque chose de gigantesque pour aider beaucoup de personnes en 2020. En 2021, nous avons investi dans l’équipement des centres de santé en offrant des lits médicalisés, des matériels roulants, etc. Et nous avons initié un programme qui a permis de prendre en charge les malades qui souffrent d’hernie et d’autres maladies, en prenant le soin de les soigner et leur faire bénéficier des opérations chirurgicales financées à 100%. Voilà quelques actions menées.
Rencontrez-vous des difficultés dans vos actions sur le terrain ?
Je ne dirai pas qu’on a des difficultés, mais je dirai plutôt que c’est une question d’organisation des demandeurs. Pour cela, il va falloir réorienter ou organiser notre travail. Parce qu’en général, il faut aider là où il faut, en aidant ceux qui sont véritablement dans le besoin. Et pour cette année 2022, nous allons plus nous pencher sur les populations qui vivent en zone rurale.
Combien de personnes ont pu bénéficier de vos actions ?
En termes de personnes, il est difficile de quantifier parce que nous aidons sans compter afin de rendre tout le monde heureux.
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Parlez-nous de vos partenariats avec les universités ?
Nous avons des partenariats avec plusieurs universités comme l’Université Internationale d’Abidjan (UIA), la CIRES (qui est un département de l’université Nangui Abrogoua), l’Université Biotera de Bucarest en Roumanie et bien d’autres universités. Cela consiste à mettre en place un programme de formation et d’insertion des jeunes dans le domaine agro-pastoral.
Des étudiants ont-ils déjà bénéficié de vos bourses ?
Par le passé plus de 100 jeunes ont bénéficié de ces bourses pour l’Italie, dans le but de les former pour qu’ils puissent venir en Côte d’Ivoire et s’insérer dans le tissu social et économique. Malheureusement, nous nous sommes rendus compte que beaucoup d’entre eux ne sont pas revenus, pourtant c’était un projet qui avait vu le jour en accord avec la Présidence de la République de Côte d’Ivoire et qui avait été financé par l’Union Européenne à travers la construction d’un centre.
Et donc qu'en est-il actuellement des bourses après ce constat ?
La bourse a été obtenu par la Fondation pour les étudiants ivoiriens et la sélection a été faite par le district d'Abidjan et la mairie de Songon parce qu'il y avait un programme que l’Agence Emploi Jeune pilotait dans le temps. C'était Mme Koudou Jeannette qui était responsable de ce département. C'était des bourses d'études où l'étudiant prenait en charge son billet d'avion. C'est ainsi que nous avons sollicité la Présidence de la République qui a pris en charge les billets d'avions de ces étudiants. Malheureusement, ils sont partis ils ne sont pas revenus. L'Union Européenne a financé la construction du centre de formation qui existe actuellement à Songon-Kassemblé. C'est ce centre que nous utilisons aujourd'hui pour former les jeunes dans le secteur agro-pastoral, disons ce qui concerne l'agriculture et ses démembrements : vivriers, etc.
Donc, actuellement je pense que le problème de bourse ne dépend pas de nous, on peut obtenir autant de bourses qu'on veut. Mais, nous sommes confrontés à un problème avec nos partenaires européens (UE), celui de trouver les voies et moyens pour éviter l'immigration. Parce que les jeunes, aujourd'hui vous les envoyez pour aller suivre une formation pensant qu'ils vont revenir et puis il y a des parents qui les incitent à rester là-bas. Donc ce sont des expériences qui nous ont laissé un mauvais goût. On nous a proposé de faire venir des professeurs européens pour former nos jeunes surtout dans le domaine de la technologie et même renforcer les capacités de nos professeurs d'université ici. Sinon pour les bourses, on n’a pas de solution pour éviter la fuite de nos jeunes étudiants.
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Quels sont les partenaires institutionnels qui vous accompagnent sur ces différents chantiers ?
Nous avons un accord d’établissement avec le ministère des Affaires Etrangères, le district autonome d’Abidjan ; ainsi qu’un agrément avec le ministère de la Santé, qui nous permet d’aider dans tous les secteurs de la santé. D’autres accords sont en cours.
Parlez-nous de vos actions en cours d’exécution ?
Nous sommes en train de créer des conditions pour permettre à la population d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Pour cela nous avons fait construire, en collaboration avec le district autonome d’Abidjan, une unité de transformation des produits vivriers à Songon-Kassemblé. Nous avons aussi des hangars pour les poulaillers (3 hangars de 120 m2) avec 9 mille poussins ; et là nous allons former les jeunes qui sont dans ce secteur.
Quels sont donc vos critères de sélection ? Et combien de jeunes comptez-vous former chaque année ?
Les critères de sélection sont définis par le ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l'Insertion Professionnelle et du Service Civique et le district autonome d’Abidjan, qui sont chargés de les définir car c’est ce que dit la convention que nous avons signée avec eux. Et ce qui est intéressant, en plus de les former, nous les insérons.
Pour l’effectif, nous partons dans une cadence de 100 jeunes par mois, parce que ce ne sont pas des formations qui durent sur de longs terme. Mais, je pense qu’en un mois, on peut arriver à former quelqu’un sur la manipulation des intrants, des semences à travers des formations théoriques et pratiques ; après quoi nous leur remettons des semences, des intrants et tout ce qu’il faut du début jusqu’à la fin avec un moyen financier pour leur permettre de pouvoir s’en sortir le temps que la production arrive. Et pour éviter qu’ils se retrouvent avec des produits sans clients, nous rachetons cela avec eux de tel sorte que chaque jeune qui sera intéressé par ce projet puisse avoir un kit qui sera mis à sa disposition et aussi la garantie que ces produits seront achetés pour la transformation industrielle.
A quoi doit-on s’attendre dans les jours à venir ? Et quel est votre message à l’endroit des autorités et des jeunes ?
Dans les jours à venir, nous lancerons la formation et l’insertion des jeunes, qui partira de Songon-Kassemblé. Mon message à l’endroit des autorités, c’est beaucoup plus au niveau de l’administration qui est très lente lorsqu’il s’agit d’accompagner les ONG dans leurs actions. Alors je souhaite qu’il nous aide à évoluer efficacement. Je demande aux autorités de nous accompagner dans l’atteinte de nos objectifs afin d’emmener les jeunes à se prendre en charge. Aux jeunes, je demande de s’intéresser au secteur vivrier, qui demeure un secteur très productif et qu’ils sachent que nous sommes prêts à les accompagner.
Par Toussaint Konan