Interview / Président de Accor'danse, Hermann Nikoko Yao parle de la danse en Côte d’Ivoire

Hermann Nikoko Yao, enseignant à l’Institut National Supérieur des Arts et de l'Action Culturelle (INSAAC), est le président de la Fédération Ivoirienne de Danse, dénommée Accor'danse. Au terme de la première édition de la semaine nationale de danse, Infos d’Ivoire est allé à sa rencontre pour en savoir davantage. Interview !

En tant que président, de la fédération ivoirienne de danse, parlez-nous de cette organisation.

Accor'danse est une organisation qui regorge une cinquantaine de compagnie professionnelle. Elle a été mise en place pendant la Covid 19. Officiellement, Accor’danse est né le 02 juillet 2020 avec un apport technique du Centre National des Arts et de la Culture (CNAC), qui est la structure du ministère de la culture qui s'occupe de tout ce qui est faîtière ou organisation des arts vivants.

Quelles sont ses missions ? 

La mission fondamentale, c'est de pouvoir garantir une vie sociale à tous les acteurs de la danse et essayer de rendre le métier encore plus professionnel à partir des formations, des stages sur le plan national et international. Et surtout essayer de redonner goût à tous ces acteurs, qui pendant une vingtaine d'années, ont perdu confiance aux institutions à cause des détournements de fonds de certains acteurs, des fuites au niveau de l'Europe. Parce qu'il y a eu beaucoup de fuites entre 2000 et 2015. Du coup, tout ce qui est financement, projet de voyage pour la Côte d'Ivoire est devenu très compliqué. Donc en se mettant ensemble, en donnant une certaine crédibilité à travers la fédération, cela pourrait remettre en confiance les autres institutions telles que les ambassades, l'OIF et les grandes structures très engagées pour notre secteur.

En tant que professeur de danse, comment comptez-vous améliorer le secteur et valoriser cet art ? 

Il faut essayer de bien structurer parce qu'au sein de la danse, il y a beaucoup de contextes. Donc, nous allons amener les jeunes à se ranger selon leur capacité, parce que la danse contemporaine est différente de la traditionnelle et de la danse urbaine. Donc essayer de structurer et permettre à chaque compagnie, chaque acteur de retrouver son chemin.

Vous venez de finir la semaine nationale de la danse. Faites-nous un bilan de cette activité.

L'activité a eu lieu du jeudi 22 au jeudi 29 avril 2021. Le but de ce projet était de créer un événement dans lequel on peut retrouver tout le contenu de notre secteur. L'idée à la base, c'est de projeter tous les actes forts qui ont été posés par la fédération depuis la création, leur donner notre vision. Pour nous, le message est très bien passé parce que nous avons la facilité aujourd'hui de pouvoir rentrer dans certains endroits. Nous avons décrété deux jours d'animation à Yopougon où nous avons fait 86 spectacles dans tous les registres. Nous avons fait trois jours de formation sur des thématiques comme ‘’l'importance de l'association d'une compagnie de danse’’, ‘’l'utilisation de Facebook’’. La dernière activité a été la cérémonie des Awards, moment idéal pour marquer une pause et mettre en avant toutes ces personnes qui ont travaillé pour ce secteur depuis près de 25 ans. Je pense que le bilan est plus que satisfaisant.

Plusieurs distinctions ont été faites tant individuellement qu’à des groupes au terme de cette semaine. Quels étaient les critères de sélection et d'évaluation des candidats ? 

Les critères, nous avons procédé en deux phases. Il y avait la phase des nominations qui a été gérée par le secrétariat de la fédération. Vu que la plupart des membres de la fédération sont des chorégraphes, des directeurs de compagnie, nous avons confié la phase de sélection au CNAC, qui a choisi le jury qui a délibéré à partir des éléments vidéos et des documents élaborés par tous les nominés. L'autre aspect, c'étaient les votes avec la RTI qui a tout planifié. Le jury a délibéré sur ces deux aspects.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le contenu des prix ? 

Le plus important pour nous, c'était d'abord la reconnaissance du travail des gens parce que c'est la première édition. Ce qui est important, les partenaires ont décidé d'appuyer ces prix. Donc, il y a forcément des suivis pour tous les lauréats comme le prix du meilleur danseur contemporain qui a une bourse qui se prépare. Nous avons eu l’accord des structures qui ont décidé de parrainer ces prix. Il y a un suivi qui va se faire sur les 12 mois à venir pour soutenir les compagnies qui ont gagné des prix et voir dans quelle mesure octroyer des bourses à ces personnes aussi qui ont gagné des prix individuellement. Il y avait 54 nominés pour les 3 catégories dont 9 vainqueurs. Parce qu'il y a trois vainqueurs par catégorie à savoir : le prix de la meilleure compagnie, le prix du meilleur chorégraphe et le prix du meilleur danseur et 20 distinctions.

Sur quel aspect allez-vous vous concentrer pour améliorer les éditions à venir ? 

C'est de pouvoir garder le même contenu, mais essayer de le rendre encore plus fluide et professionnel. Parce que quand vous programmez un peu plus de 86 compagnies en deux jours, c'est sûr qu'il y a des coûts. Pour cette première édition, les compagnies sont venues jouer avec beaucoup d'envie. En tant que fédération, pour nous c’était très gênant. Pour la deuxième édition, c'est de s'arranger et trouver les financements qu'il faut pour pouvoir rémunérer les différentes compagnies à la valeur de leurs différents travaux.

Avant de vous laisser, la culture, a un nouveau ministre depuis peu. Elle est d’ailleurs passée à l'INSAAC pour s’enquérir des réalités. En tant qu'acteur culturel, que pensez-vous de cette nouvelle dénomination du portefeuille ? 

C’est une dénomination qui permet à tous les acteurs de se retrouver dans le ministère parce que sans vouloir faire de comparaison, nous n'étions pas tous concernés par la première dénomination. Mais avec la deuxième, tous les acteurs de la culture se retrouvent et c'est le plus important. Nous souhaitons que la nouvelle ministre puise avoir des rencontres avec toutes les faîtières, parce que c'est vrai que nous sommes de la culture, mais les réalités diffèrent. Le fait d'organiser des séances de travail avec chaque secteur, je pense que cela peut ouvrir beaucoup de choses. Et cela va lui permettre de mieux orienter son programme.

Qu'attendez-vous de votre ministre de tutelle au niveau de la danse ? 

Aujourd'hui, le secteur de la danse est très confondu à celui de la musique. Pour nous, le plus important est que notre nouvelle ministre essaie de s'acquérir du contenu réel de ce secteur parce que c'est un secteur qui est beaucoup touché. Aujourd’hui, la danse se retrouve dans tous les secteurs des arts vivants, que ce soit au niveau du théâtre surtout au niveau de la musique, des arts plastiques. Il est important qu'elle s'imprègne du contenu réel de cet art.

Si vous avez un dernier message, quel serait votre mot de fin ?

Mon mot de fin va à l'endroit des danseurs de Côte d'Ivoire, il y a un nouveau souffle qui renaît, qui se met en place. On sait que ce n'est pas facile, quand on fait le bilan de tout ce que les danseurs ont pu traverser ces vingt dernières années, ce n'est pas très aisé. Mais avec les choses qui se mettent en place, il y a beaucoup d'espoir et nous comptons sur les institutions. L'Institut français, le Goethe institut, le ministère de la culture, nous leur demandons d'ouvrir leurs portes pour qu'on puisse se parler, pour que nous sentions un nouvel air dans ce secteur, qui pour nous, est l'un des secteurs des arts les plus denses en Côte d'Ivoire.

Par Adama Traoré

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