JMCA 2022 / Alafé Wakili : « Nous sommes des acteurs de la fraternité humaine et de l’universalité »

Chaque année, le 24 janvier est consacré à la Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afrodescendante (JMCA). La Côte d’Ivoire ne restera pas en marge de cette célébration internationale. Cette année, la ville d’Adiaké a été choisie par le comité JMCA-Côte d’Ivoire pour abriter l’évènement. Cette édition 2022 autour du thème « Le cinéma comme vecteur de transmission de cultures africaines » aura lieu à Adiaké et à Abidjan. Alafé Wakili, président de ce comité, explique les motivations de ce choix et les différentes attractions. Il était d’ailleurs à ce titre, l’invité de l’émission C’MIDI du mardi 18 janvier 2022.

Quand on connaît l'histoire de l'Afrique et toutes les péripéties par lesquelles elle est passée, savoir que désormais elle a sa journée qui la célèbre ainsi que ses descendants. C'est du pain béni, n'est-ce pas ?

Depuis quelques années nous profitons de chaque 24 janvier pour célébrer la culture, marquer un arrêt, rendre un hommage à nos ancêtres. Valoriser cette culture, aussi bien cette culture africaine et des afrodescendants qui sont dans d’autres territoires mais qui la renvoie à l’Afrique.

Quels sont les différents pays qui sont impliqués dans cette célébration ?

Ce sont les pays du monde entier qui sont impliqués, vu que la décision a été prise en octobre 2019 par l’Unesco. D’origine, ce sont des promoteurs africains qui à travers un réseau le ‘’Rapec’’ qui ont mené le combat. Je profite pour saluer le président. Il sera avec nous peut-être le 24 janvier prochain. Ce sont tous les pays du monde qui sont impliqués. Cela fait cinq ans que cette journée ‘’JMCA’’ est célébrée dans le monde, mais en Côte d’ivoire nous sommes à la troisième année de célébration sous l’égide de l’Unesco. Après une décision en 2019 qui endossait la célébration de la Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afrodescendante.

Le thème retenu pour cette année, « Le cinéma comme vecteur de transmission de cultures africaines » !

La culture se traduit par de nombreux aspects et réseaux, et l’un de ces réseaux de transmission, de promotion est le cinéma aussi bien dans la Diaspora, chez les afrodescendants que chez nous en Afrique. Le cinéma est un pan important de cette culture. Cela traduit notre volonté d’universalité et de fraternité humaine, parce que le cinéma n’est pas à priori des africains, et le cinéma qui n’est pas de l’Afrique est aujourd’hui un moyen de transmission de la culture africaine. Au-delà de la célébration de la culture africaine nous sommes des acteurs de la fraternité humaine et de l’universalité.

Quel est l’impact de cette célébration sur le continent africain et les mentalités africaines à long terme ?

Le 24 janvier doit être une fête nationale pour tous les pays. Il faut que tous les pays du monde se souviennent de la célébration de la Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afrodescendante ‘’JMCA’’. Dans 10 ans, notre souhait c’est qu'il y ait cette célébration partout dans le monde d’une part et d’autre part que la culture africaine et afrodescendants soit à la place qui lui revient de droit. Au-delà du 24 janvier, la culture est une identité et tous les jours de notre vie, on est dans la culture.

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Pourquoi le choix d’Adiaké pour cette célébration nationale ?

Nous avons choisi Adiaké parce que dans le cadre de la sensibilisation, il a été convenu de sortir d’Abidjan pour faire partager l’adhésion des populations à l’activité. Cela répond au souci de rendre tournante la célébration de la journée du 24 janvier 2022. L’objectif est de faire adhérer au projet JMCA, l’arrière-pays, les populations en dehors d’Abidjan. Sur cette base, nous avons eu une oreille attentive auprès des autorités de la ville d’Adiaké, ainsi que des gardiens de la tradition, sans oublier la population.

Quelles sont les grandes attractions qui vont meubler cette journée ?

D’abord, il y aura un spectacle pour animer la ville d’Adiaké, le dimanche. Il y’a aussi un panel sur le thème de la journée, à savoir « le cinéma vecteur de transmission des cultures africaines et afrodescendantes ». Il est prévu la projection de films ambulants, par rapport au thème. Le Président du comité scientifique du panel est Fadiga Kramo. Une parade des communautés d’Adiaké avec la présentation du patrimoine culturel local, un défilé de coiffure, des prestations d’artistes sont également au programme en marge de la cérémonie officielle du 24 janvier 2022 à la place Alassane Ouattara d’Adiaké. Après la partie officielle à Adiaké, nous nous retrouvons le soir du 24 janvier 2022, au village Kiyi, pour un spectacle gala de clôture. Pape Gnepo, Onel Mala, Jeff Bogolobango, sont quelques-uns des artistes au programme. Il y’a aussi de nombreux jeunes talents, des talents encore peu connus qu’il faut venir découvrir. C’est une journée pleine, consacrée à la culture africaine dans plusieurs de ses dimensions.

Pensez-vous que la modernité a un impact sur la culture africaine ?

La culture africaine est elle-même actrice de la modernité, et productrice de sens dans la modernité ? La culture africaine n’est pas statique. Elle est dynamique. Elle est en mouvement. Dans le mouvement, elle actualise et participe à la compréhension du monde, qu’il soit le monde ancien, le monde actuel et le monde à venir. La question de l’impact de la modernité sur la culture africaine doit plutôt s’entendre comme une réflexion sur les interactions entre la culture africaine et afrodescendante, et le temps qu’il soit ancien, actuel ou moderne, et à venir. La modernité n’est pas arrivée de nulle part, ni du néant dans les cultures d’ici et d’ailleurs.

La modernité est elle-même une expression de la culture. C’est en cela que le thème de cette année en Côte d’Ivoire est fort pertinent. Nous profitons de cet entretien pour inviter les populations à une grande mobilisation autour de la JMCA. Nous saisissons également l’occasion pour dire merci à au Président de la République, pour son intérêt et sa sollicitude pour cette journée. Cela ne nous étonne pas, car la Côte d’Ivoire fait partie des pays qui ont ratifié la charte de la Renaissance culturelle africaine adoptée à Khartoum en 2006. C’est un acte dont la portée doit être perçue.

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Outre la sollicitude du Chef de l’État, nous avons bénéficié du haut patronage du Premier ministre, Patrick Achi, qui manifeste comme on l’a déjà vu son intérêt pour la question culturelle. C’est le lieu de remercier et de saluer les mémoires des premiers ministres Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko, qui nous avaient également accordé leur haut patronage lors des éditions précédentes de la Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afrodescendante. Cette année nous bénéficions encore de l’implication et du soutien de notre ministre de tutelle, Harlette Badou qui nous avait déjà apporté un grand appui lors de l’investiture du comité JMCA et du lancement de l’activité du 24 janvier 2022. C’était déjà en octobre 2021. Merci à elle et à tous ses collaborateurs, de nous donner l’occasion de remercier les ministres Bandama Maurice et Raymonde Goudou pour leur accompagnement passé dans l’organisation de la JMCA dans notre pays. Enfin, je ne saurais ne pas saluer et souligner le soutien de l’UNESCO, de l’union africaine, du Rapec avec Jhon Dossavi, ainsi que tous les ministères et toutes les bonnes volontés, des entreprises qui nous ont accompagnés dans cette organisation, aussi bien cette année, que les années passées.

Par Joël Dally

(Ndlr : Le titre le chapeau sont de la rédaction)

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