Ebrah / Le Roi Assemien Nogbou sort de son silence et raconte comment il a échappé à la mort
- Publié le 29, mai 2021
- POLITIQUE
Le royaume d’Ebrah, situé dans le département de Grand Bassam, est sur le pied de guerre depuis plusieurs jours, suite à la décision de Sa Majesté Assemien Nogbou de retourner dans son royaume. Dans cette publication, Infos d’Ivoire vous livre le témoignage du Roi, qui revient sur une journée qu’il qualifie ‘’de journée folle’’ au cours de laquelle, dit-il, ceux qui disent l’avoir démis de ses fonctions ont tenté de lui ôter la vie. Témoignage !
Le jeudi 31 janvier 2019, le début des hostilités
Dans l’après-midi du jeudi 31 janvier, mon frère cadet, Assemien Aka Jules, m’appelle du Royaume pour m’annoncer qu’une vingtaine de jeunes, armés de machettes, sont rentrés dans la cour de ma résidence à Ebrah. Avec pour intention d’intimider les habitants de la maison, mais surtout de déloger Kouassi et Nanan Petit, le personnel de la maison, qui ne sont pas originaires d’Ebrah. Ils avaient déjà fait partir Kouassi de chez moi. Ils l’ont chassé jusqu’à Eloka et j’ai demandé qu’il revienne lorsque j’ai su le traitement qui lui a été infligé. Face à la détermination de mes frères cadets, les agresseurs feront finalement demi-tour ce jour-là. Akomian, un autre de mes cadets leur a d’ailleurs lancé en face : « si tu es un homme, touche-moi avec ta machette ». Ce sont des jeunes du village qu’ils connaissent bien. Ils finiront par rebrousser chemin.
Ma première réaction, j’appelle le Préfet de Grand-Bassam. Il ne décroche pas mais me répond par un SMS en disant : « je suis en réunion » Après cet appel qui n’aboutit pas, j’appelle le Commandant Adjoint de la Brigade de Gendarmerie. Il me répond qu’il s’en occupe et qu’il en a parlé à son patron. Je profite de ce coup de fil pour l’informer que la cérémonie programmée par les chefs de génération le samedi 02 février allait être avancée le vendredi 1er février par des préliminaires et qu’il leur faudrait prendre les dispositions idoines.
Il a marqué son étonnement en me précisant qu’ils avaient pris des dispositions pour le samedi. Je lui demande de faire diligence pour assurer la sécurité du Royaume le vendredi après ce qui s’est passé le jeudi avec le débarquement des jeunes armés de machettes chez moi. C’est que le règne de la terreur est monté d’un cran à Ebrah. Il me faut rappeler que depuis le début de l’expression de la volonté des Bloussoué de me démettre du pouvoir, ils ont choisi de faire régner la terreur dans le Royaume. Ils ont décidé de chasser du village toute personne qui s’opposerait à leur projet de destitution du Roi qui est en réalité un véritable coup d’Etat.
Ne pouvant fuir mon royaume malgré le danger qui me guette, je me dois d’aller voir ce qui s’y passe. Je dis donc au CB Adjoint que je serai à Ebrah le vendredi et que je souhaiterais que les gendarmes arrivent à Ebrah ce vendredi-là. Leur présence devenait cruciale ce jour, surtout après la violation de mon domicile le jeudi par les jeunes armés de machette (…) Mais je me suis dit : ils sont informés de ce qui se passe, et qu’ils prendront les dispositions idoines… Je pars donc serein d’autant plus que Monsieur le Préfet connaît la situation et qu’il m’a toujours assuré de ce que je pouvais me rendre dans mon Royaume.
La résidence du Roi après le passage des jeunes
J’ai aussi appelé des notables, notamment Nanan Henri Quao-Ghaudens, mon représentant itinérant et Nanan Nogbou Nandjui Michel, le chef des notables. J’ai aussi eu ma femme au téléphone pour l’en informer. Elle me dira plus tard qu’elle a eu le Secrétaire général de Préfecture qui lui a dit qu’ils étaient en réunion pour l’élection du Maire et du Conseil municipal. Il a passé son téléphone au Commissaire de Police à qui ma femme a dit que des jeunes armés de machettes sont rentrés dans la cour de notre résidence pour terroriser les membres de ma famille et le personnel. Le Commissaire lui a répondu qu’il en parlerait au Commandant de Brigade qui a la responsabilité de la sécurité du Royaume d’Ebrah.
Vendredi 1er février 2019, la journée électrique
Je suis obligé de me rendre à Ebrah le matin. J’avais prévu d’y aller dans l’après-midi, mais je suis obligé de m’y rendre dans la matinée pour mesurer l’ampleur de la situation. Le vendredi, aux environs de 8h 15, mon chauffeur, mon cousin germain Sogbê Jean, le doyen de la famille royale et mon cousin Papa David, notre petit père, prenons le chemin d’Ebrah où nous arrivons aux alentours de 9 heures 15… Je vais directement chez moi, le village est calme. La Reine Mère, ma sœur aînée, ma petite sœur Joséphine Abo, Kouassi et Nanan Petit, Evariste, mon neveu et sa femme, mon frère cadet, Assemien Aka et ses amis sont là. Nous échangeons les nouvelles comme le veut la tradition. Ils me racontent ce qui s’est passé le jeudi, ils me parlent de Jacques, de Kouassi Tchakrè et d’autres jeunes qu’ils ont reconnus et qui étaient parmi leurs agresseurs.
Nous restons à la maison. Des habitants viennent me saluer. Ainsi se passe notre matinée. Peu après 14 heures, nous passons à table pour notre déjeuner avec mes cadets Aka, Akromian et leurs amis. J’appelle ma femme pour lui dire que notre repas est servi. L’ambiance est bon enfant. Aux environs de 15 heures, mes cadets Aka et Akromian m’annoncent que deux bâches sont dressées sur la place publique. Je demande à Aka, Akromian et à leurs amis d’aller se renseigner sur la raison de cette mise en place. Y aurait-il un décès ou tout autre évènement ? Je les ai chargés de dire aux personnes qu’ils trouveraient sur place que si c’est pour ce qu’ils entendent faire, leur cérémonie de prétendue intronisation d’un prétendu roi, qu’ils démontent leurs bâches car ils n’ont pas le droit d’organiser une mascarade d’intronisation en défiance des autorités administratives et traditionnelles.
Sa Majesté Assemien Nogbou,
Le titre et le chapeau sont de la rédaction