Bicéphalisme à la tête du royaume / Les vraies raisons de la situation à Ebrah
- Publié le 29, mai 2021
- POLITIQUE
Sa Majesté Assemien Nogbou, Roi d’Ebrah a décidé de sortir de son silence 2 ans après la tentative de destitution dont il a été victime et ''son assassinat manqué''. Selon lui, les commanditaires n’ont d’autres raisons que la recherche du profit au détriment de la population. Suite et fin de son témoignage.

Ma maison est pillée. Les bijoux royaux, les cannes… sont volés. Partout, des bouteilles cassées… L’état n’est pas encore fait, mais la maison a été saccagée, pillée et brulée en partie avec des taches de sang partout. Tous nos téléphones portables ont été volés, ainsi que tout l’argent que nous avions sur nous. Mes agresseurs m’encerclent et me demandent de déclarer que « je ne suis plus le roi ». Je leur demande d’aller chercher tous leurs chefs. Ayemou Beugré me répond que nous allons partir à leur rencontre. Ils m’encerclent tous et nous sortons. Ma sœur Abo, tremblante de peur, dit : « oui, mon frère n’est plus roi ».
Nous sortons de la maison. Je ne sais pas où sont les autres membres de ma famille. Dans la cour d’en face, dans la cour de Koua Venance, un membre de la génération Bloussoué, je vois mon petit frère Aka et ses amis ligotés et attachés à des poteaux de la véranda de la maison. Toujours encerclés, nous marchons, ma sœur et moi, vers la place publique. Cette fois, nous sommes suivis par Dago Vincent (chef de la génération Bloussoué), Adja Adiko, N’Guessan Kouamé Célestin, Abatcha Jérémie et bien d’autres membres de la génération Bloussoué.
Devant l’église, nous trouvons des corps habillés. Finalement, mes agresseurs, après un moment d’hésitation, nous conduisent dans la cour de l’ex vice-Roi, Feu Koua Moulod, en face de l’Eglise. Je suis assis, encerclé par mes agresseurs, et en présence des forces de l’ordre. On m’insulte. « Il nous a fait perdre trop de temps, il nous a fait perdre beaucoup d’argent... », ces phrases sont de Adja Adiko.
Le règne de la terreur est monté d’un cran
Tour à tour, chacun parle… Des injures fusent… Le gendarme qui manifestement était le chef des opérations dit qu’ils ont reçu des ordres de très haut pour venir voir ce qui se passe. « Je lui réponds que je suis le Roi d’Ebrah, je suis agressé par les membres de la génération présents. » Et qu’il leur demande pourquoi ils ont fait cela. Après quelques échanges entre les forces de l’ordre, de plus en plus nombreux, ils décident d’aller voir ma résidence.
Nous allons, ma sœur, les forces de l’ordre, les chefs de la génération Bloussoué, voir ce qui reste de ma résidence. Mon petit frère et ses amis, toujours attachés, sont battus. Les forces de l’ordre n’entrent pas dans ma cour. Elles ont juste jeté un coup d’œil à l’extérieur et ont proposé de me mettre en sécurité. Nous repartons vers l’église où sont garés leurs véhicules. Je monte dans un pick-up. Mon frère cadet et ses amis, torse nu, sont bousculés et jetés dans les camions… Nous quittons Ebrah aux environs de 20h. Sur le chemin, nous croisons ma femme, mon petit frère et mon neveu. Elle fait demi-tour et suit le convoi. Mon neveu, Bakon Augustin et mon petit frère Assemien Irénée poursuivent leur chemin sur Ebrah pour aller chercher la Reine-Mère qui est très mal en point.
Les forces de l’ordre nous conduisent au Commissariat de Bingerville. Je suis installé dans la cour avec ma femme. Mon frère cadet et ses amis sont assis et/ou couchés à même le sol, torse nu, soufrant et gémissant de douleurs. Traités comme des bandits et des voyous. Il a fallu attendre plus de deux heures avant qu’ils ne soient conduits à l’hôpital général de Bingerville pour des soins primaires sous haute garde policière. L’équipe de garde leur prescrit des radios. Mais ils pourront les faire que le lendemain après-midi. L’un d’entre eux, très mal en point est tout de même évacué au CHU de Cocody. Il nous faudra sûrement attendre encore quelques jours pour apprécier leur état de santé.
Puis, on nous installe, ma femme, mon cousin Sôgbè et moi dans le bureau du commissaire. Un officier me pose des questions, mais sans vraiment mener un interrogatoire. Nous passerons toute la nuit assis là. Vers 6 heures, nous sommes conduits à Abobo, à la Préfecture de Police. Là-bas, nous resterons assis dans notre voiture pendant près de deux heures et demi. Mon audition commencera vers 9 heures et s’achèvera aux environs de 15 heures. Pendant ce temps, mon petit frère et ses amis sont au violon. Ils ont des plombs de chevrotine dans le corps pour certains, des blessures au crâne, au torse, le doigt coupé, pour d’autres. Ils souffrent de contusions multiples… Mais c’est seulement aux environs de 16 heures qu’ils seront conduits à l’hôpital de la Police au Plateau. Aux alentours de 18h, nous sortons de la Préfecture de Police avec un Adjudant pour aller libérer mon petit frère et ses amis autorisés à rentrer chez eux. Du vendredi 1er février à 20 heures, c’est le samedi 2 février à 21 heures que nous rentrerons chez nous. Nous avons vécu ma famille et moi, des heures infernales et moi j’ai échappé à une tentative d’assassinat fomentée par la génération Bloussoué… Je suis convaincu, après ce que j’ai vécu, que sans la présence de mon frère cadet et de ses amis, j’aurais été assassiné par cette horde en furie mise en mission par la génération Bloussoué … Dans le respect des lois de la République, mon avocat a porté plainte pour tentative d’assassinat.
Les vrais dessous de cette tentative d’assassinat
La volonté affirmée de certaines personnes de s’approprier les terres d’Ebrah. Vous savez que pour introduire une demande de titre foncier ou d’ACD sur une terre villageoise, il faut avoir une attestation villageoise signée par le Roi ou le chef. Rappelez-vous de cette phrase de Adja Adiko, le chef en second des Bloussoué, prononcée le 1er février 2019 : « Il nous a fait perdre trop de temps, il nous a fait perdre beaucoup d’argent... ». La génération Bloussoué savait que Sa Majesté Assemien Nogbou n’accepterait jamais de se rendre complice d’un pillage patrimonial planifié. Il faut donc, par tous les moyens l’évincer, quitte à le faire assassiner…
Sa Majesté Assemien Nogbou,
Le titre et le chapeau sont de la rédaction