Situation de crise à Ebrah / La voiture du Roi Assemien Nogbou brulée

Dans son témoignage sur la journée du vendredi 1er février 2019, journée électrique à Ebrah, Sa Majesté Assemien Nogbou, raconte comment sa voiture et son domicile ont été saccagés par des jeunes instrumentalisés. Retrouvez la suite de son témoignage.

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En effet, le Préfet, lors de la rencontre du 22 janvier 2019 à son bureau, en présence de la famille royale, de la notabilité et de la génération avait été clair. Il ne devrait pas avoir de cérémonie d’une quelconque intronisation. En tant que premier responsable du Royaume, je me dois donc de garantir la quiétude des populations et de préserver la paix. Les personnes refusent d’entendre raison. Je demande alors à mes cadets et à leurs amis de démonter les bâches. Ce n’est pas la première fois quand cela n’est pas approprié. Ce qu’ils font en pliant et rageant les bâches sur place.

A peine sont-ils de retour à la maison qu’on entend résonner le tamtam parleur. Ce tam-tam ne sonne qu’à l’occasion d’un évènement et après en avoir informé la notabilité et le Roi. N’ayant pas été informé de la sortie de l’Attoungblan, Je dis à mes cadets d’aller demander au joueur d’arrêter de jouer de l’instrument pour ne pas le désacraliser. On m’a dit qu’il a refusé. Mes cadets m’ont dit qu’ils ont été encerclés. Ils sont revenus à la maison. Le tam-tam a continué être joué. Nous étions tous assis au salon, avec mon cousin Sogbê Jean, la Reine Mère, ma petite sœur Abo, ma cousine Gnangra, mon cousin David, mon petit frère Aka. Le portail de la cour et les portes de la maison étaient fermés puisque nous avions allumé le climatiseur. Ses amis étaient assis sur la véranda. Et, puis, tout d’un coup, nous entendons des coups de feu qui se rapprochent de la maison…

Des jeunes ont fait irruption dans ma cour. Ils ont commencé par taper sur ma voiture garée dans mon parking. Les amis d’Aka se replient dans le salon pour leur sécurité. Des jeunes gens versent de l’essence sur ma voiture et y mettent du feu. Du salon, on les voit. Les portes sont vitrées. Moi je rentre dans ma chambre. Quelques amis d’Aka sont avec moi. Les coups de feu sont à nouveau tirés, cette fois, du côté de ma chambre. Les tirs sont concentrés sur ma chambre. C’est clair qu’ils ont reçu l’ordre de me tuer. Ils cassent les vitres de la fenêtre de ma chambre, ils mettent le feu au rideau. Des jeunes qui sont avec moi ouvrent le robinet de la salle de bain pour éteindre le feu. Pas d’eau.

La Reine-Mère tombe dans les pommes

Nous nous rendons compte qu’ils ont pris le soin de fermer le robinet d’alimentation du circuit de distribution de l’eau. Il fait chaud à l’intérieur de ma chambre. Le climatiseur est saccagé. La fumée nous étouffe et les balles sifflent. Nous sommes obligés de nous coucher. Je tente d’appeler le Commandant de Bridage Adjoint de Grand-Bassam. Son téléphone sonne, mais il ne décroche pas. J’ai appelé Nanan Quao-Gaudens, Notable. Il décroche. Je lui dis que je suis en danger et que des gens tentent de m’assassiner. Je réussi à joindre M. Coulibaly de l’ONG Crédel Afrique. J’appelle mon épouse, Sa Majesté Agnès Kraidy. Je tente de joindre bien d’autres numéros, mais sans succès… Les coups de feu, les coups de barre de fer du bruit, des voix qui hurlent…ça dure de manière interminable.

Le véhicule du Roi calciné

Avec des barres de fer, certains d’entre eux s’attaquent aux portes et aux fenêtres. J’entendais du dehors, « on va tuer le roi, on va tuer le roi ». Des coups de plus en plus violents sont frappés aux portes, aux fenêtres. La maison est encerclée par une horde furieuse venue nous assassiner… Je sors de ma chambre pour m’asseoir dans le couloir qui mène aux chambres. Aka referme la porte de ma chambre… Ils finissent par fracturer les portes et par rentrer dans le salon. La fumée nous étouffe. Il fait noir. Ils avaient aussi coupé l’électricité. Ils avaient manifestement tout prévu pour nous étouffer et nous tuer…

Je saurai plus tard qu’ils ont attaqué toutes les pièces de la maison. Qu’ils ont tout saccagé. Ils se sont emparés de certains membres de ma famille. Ils les ont battus avec des pierres et des barres de fer. Ils en ont ligoté certains qu’ils ont traîné dans une cour en face de ma résidence. Ma grande sœur, la Reine-Mère tombe dans les pommes. Mon neveu Evariste, lui, est tombé, le dos, les cuisses et le crâne criblés de plombs de chevrotine. Sa femme, enceinte de près de six mois, a, elle aussi, reçu des balles dans le ventre, un sein et au bas d’un œil. Mon frère cadet Aka et ses amis sont tabassés, roués de coups… Mon cousin, Papa David a le visage et le crâne en sang. Certains d’entre eux reçoivent des décharges de chevrotine. Ma voiture dehors brûle…

Assis dans le couloir face à ma chambre, dans le noir, je vois entrer des jeunes. Je reconnais Jacques. Il transpire. Surpris de me voir assis là, il crie « on ne touche pas au Roi ». Je suis convaincu qu’il me croyait ou mort ou blessé. Le fait de m’avoir trouvé assis a été pour lui une vraie surprise. Après lui, je vois apparaître Andon et juste après Andon, Ayemou Beugré de la génération Bloussoué. Ce que je savais se confirme donc. Ce sont bien les membres de la génération Bloussoué qui ont commandité cette tentative d’assassinat sur ma personne ainsi que le tabassage des membres de ma famille, le pillage et la destruction de mes biens… Le mur de la clôture de la maison a été détruite à la hache et avec des barres de fer. Des parties de la maison n’échapperont pas à cette furie destructrice.

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Sa Majesté Assemien Nogbou,

Le titre et le chapeau sont de la rédaction

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