Scandale à répétition dans les hôpitaux / La société civile s’interroge
- Publié le 26, avr 2021
- SOCIETE
Le système sanitaire ivoirien est chaque fois indexé de la mauvaise manière. Les pertes en vies humaines pour des négligences par les agents de santé ou par des erreurs de professionnels mal formés, ou encore par manque de matériel adéquat dans nos hôpitaux sont légions. Face à cette situation, qui semble ne pas interpellé le gouvernement ivoirien, la société civile s’interroge. Infos d’Ivoire partage avec vous les inquiétudes du directeur exécutif de la Ligue Panafricaine pour l’Eveil des Consciences (LIPEC).
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Côte D’ivoire : Le système sanitaire dans l’agonie ? La réflexion et l'action s'imposent
L’accès à la santé est un droit reconnu par le pacte international de 1966 relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Mais déjà en 1948, la déclaration universelle des droits de l’homme, dont la Côte d’Ivoire est partie prenante, évoquait en son article 25 la santé comme partie intégrante du droit à un niveau de vie suffisant.
Le cadre normatif en termes de protection du droit à la santé existe. Chaque État a donc l’obligation de se doter des moyens nécessaires pour garantir ce droit aux citoyens. Malheureusement, dans notre pays, les hôpitaux publics sont de véritables ‘’mouroirs’’. Dans ce décor macabre et ahurissant, les scandales se succèdent mais les solutions concrètes tardent à venir…
De Awa Fadiga à l’affaire des jumeaux, en passant par l'affaire de la clinique du grand centre de Yopougon, trop de scandales…
Depuis quelques semaines, le CHU de Cocody est sous le feu des critiques d'une rare virulence, suite à l’affaire du décès des jumeaux du couple Moro. Comme d’habitude, la toile était en ébullition. Pour calmer les ardeurs, les autorités ont brandit la menace contre les présumés coupables de cette situation. Aujourd’hui, l’émotion est passée. Chacun vaque tranquillement à ses occupations en attendant un autre scandale certain. Mais pendant ce temps les familles des victimes continuent leur deuil en silence.
Avant ces cas, il y a eu d’autres situations tragiques. Chaque fois des sanctions sont annoncées sans jamais aborder les questions de fond. Pourtant, ces situations malheureuses devraient emmener chacun de nous (citoyens et dirigeants) à poser les bonnes questions, afin de trouver de vraies solutions.
Est-ce le résultat d’un manque d’agents, d'équipements ou de volonté chez le personnel ? Le personnel est-il démotivé ? Existe-t-il un système de sécurité fiable et fonctionnel permettant une bonne prise en charge des urgences sanitaires ? Le budget alloué à la santé est-il utilisé avec efficience dans le but de l’amélioration du système sanitaire ? Etc., Voici autant de questions qui méritent des réponses concrètes.
Lorsque la clinique du grand centre (à Yopougon) a été fermée au motif que le personnel n'a pas pris immédiatement en charge le patient qui est malheureusement décédé, le gouvernement a décidé de fermer l'établissement. Nous avions demandé s'il existe un cadre légal obligeant ces structures à prendre directement en charge les patients.
Nous avions également demandé si le gouvernement a travaillé sur un plan qui permet aux établissements sanitaires privés d'avoir les garanties nécessaires pour prendre en charge immédiatement ces patients tout en ayant la certitude que les frais seront payés. Personne n'a répondu à ces questions.
La clinique a repris ses activités sans que le problème de fond ne trouve de solution. La fermeture a donc servi à quoi ? Rien de sérieux à part contenter superficiellement la toile qui était en ébullition et augmenter la souffrance des populations des quartiers environnants, qui devraient fournir encore plus d'efforts pour se soigner. Surtout que le CHU de Yopougon était fermé pour travaux.
Il est urgent que les gouvernants s'investissent véritablement dans la santé pour en finir avec la Gestion Par la Réaction. En entendant que les cris de nos souffrances montent jusqu'à eux, prions pour que le bon Dieu nous donne la santé. Sinon quand dans un CHU comme celui de Cocody, le Directeur Général annonce à la nation entière que l'établissement dispose d'un seul scanner et surtout en panne, il y a de bonnes raisons de s'inquiéter.
Les populations ivoiriennes méritent mieux !
Gnamien Attoubré,
Directeur exécutif de LIPEC,
Spécialiste en Gestion des Conflits,
Défenseur des droits humains
Ndlr : le titre et le chapeau sont de la rédaction