Modification annoncée de la Constitution / Le président de l’UMP interroge Alassane Ouattara

Le président de l’Union des Masses Populaires (UMP), Kean Zoh Sylvain a réagi, le jeudi 16 septembre 2021, à la modification de la Constitution que projette le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Il a interrogé le Chef de l’Etat sur ce projet, sachant que la Constitution a été déjà révisée par deux fois, en l’espace de cinq ans sous sa gouvernance.

De source parlementaire, un projet portant modification de la Constitution ivoirienne sera déposé sur la table des députés en avril 2022. Il s’agira entre autres de limiter à 75 ans l’âge des candidats à l’élection présidentielle. Plusieurs mois en arrière, Alassane Ouattara avait lui-même annoncé cette énième modification la Loi suprême. Quand on sait que le pouvoir RHDP dispose de la majorité à l’Assemblée nationale, il est certain que ce projet sera adopté.

La question qui s’impose cependant à toutes les intelligences reste de savoir pourquoi alors que dans sa propre Constitution de 2016, Alassane Ouattara a fait sauter la clause portant limitation de l’âge des candidats à la présidentielle, il veut la ramener en 2022 ?

En effet, la Constitution de 2000 prévoyait déjà cette limitation d’âge. C’est Alassane Ouattara qui, sous prétexte de donner une Constitution non « confligène » à la Côte d’Ivoire, l’a fait sauter. Le RHDP avait alors expliqué que tous les Ivoiriens, sans distinction d’âge, d’origine et de condition sociale, avaient les mêmes droits et les mêmes devoirs, et que par ailleurs, il appartenait aux électeurs de choisir celui ou celle qui incarnerait le mieux leurs aspirations.

Que s’est-il donc passé pour qu’en moins de dix ans Alassane Ouattara veuille ramener la limitation d’âge ? S’il s’agit d’éliminer de potentiels candidats parce qu’ils seraient âgés, alors ce serait une grave erreur. Certes, nous sommes nombreux en Côte d’Ivoire à demander qu’Alassane Ouattara, Konan Bédié, Laurent Gbagbo et leurs principaux lieutenants, dont les ambitions opposent gravement les Ivoiriens depuis trente ans, prennent leur retraite politique.

Mais il ne s’agit aucunement de forcer la main ou de régler les comptes à qui que ce soit. Il faut plutôt encourager chacun, Alassane Ouattara y compris, à se retirer avec honneur, en mettant en avant le peu d’amour qu’ils ont pour notre pays. Agir autrement, ce serait faire le nid à de nouvelles crises dont personne ne peut imaginer les conséquences.

Alassane Ouattara ne peut pas avoir accusé ses prédécesseurs d’avoir chacun modifié la Constitution pour l’empêcher d’être candidat à l’élection présidentielle et faire aujourd’hui ce qu’il critiquait hier. Encore que modifier sans fin une Constitution n’a jamais été un bon exemple sous nos tropiques.

Ne cherchons donc pas des ennuis là où il y en a déjà! Ne touchons pas à notre Constitution! Si ceux à qui nous demandons de prendre leur retraite politique refusent cette proposition, laissons tout le monde être candidat en 2025 afin que le peuple tranche. Oui au renouveau politique mais non aux tripatouillages sans fin de la Constitution ivoirienne.

Kean Zoh Sylvain, président de l’UMP

(Ndlr : Le titre et le chapeau sont de la rédaction)

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