Lutte contre l’excision / Martha Diomandé veut réorienter le combat
- Publié le 26, avr 2021
- SOCIETE
La lutte contre les mutilations génitales, précisément l’excision a un visage en Côte d’Ivoire, il s’agit de Martha Diomandé. Présidente de l’Association Culturelle Zassa d’Afrique (ACZA), basée à Rennes au nord-ouest de la France, elle est une militante engagée dans la lutte contre l’excision.
Martha Diomandé séjourne à Abidjan Dans le cadre de ses activités à Kabakouma, dans le département de Biankouma à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Avant de se rendre sur le terrain, elle était face à la presse le samedi 24 avril 2021, à Biétry. Au cours de ces échanges, cette militante de la non ablation du clitoris a donné un aperçu de sa propre histoire.
« Je suis, moi-même, fille et petite-fille de matrones, j’ai été excisée à l'âge de 8 ans », a-t-elle témoigné, non sans préciser qu’à ce titre, elle était prédestinée à devenir elle-même matrone dans le village de Kabakouma, une zone encore fortement touchée par la pratique de l’excision. Sa vie est marquée par la promesse qu'elle s'est faite, celle d’éradiquer la pratique de l'excision de son village et de sa région, et pourquoi pas de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique.
Pour elle, il s’agit de lutter contre l’excision dans le respect des traditions et des peuples. C’est pourquoi elle ne se reconnait pas dans les discours classiques, brutaux, qui condamnent l’excision sans chercher à comprendre le poids des traditions, des tabous, des contextes de chaque village. Installée à Rennes, au Nord-Ouest de la France, elle saura utiliser son art, de façon subtile, pour décrire, dénoncer ou faire prendre conscience de certaines réalités sociales qui touchent l'Afrique au sens large, surtout la question de l’excision.
Martha Diomandé utilise, chaque jour, sa propre expérience et la connaissance profonde des traditions et cultures de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, pour identifier les différents éléments à prendre en compte pour permettre l’arrêt ou la diminution de l’excision. Elle propose une approche différente de tout ce qui a été proposé jusque-là, soit l’arrestation et l’emprisonnement des exciseuses.
Elle préconise plutôt, une reconversion de ces dernières et leur accorder le droit de mener leur propre réflexion, de parcourir leur propre chemin de prise de conscience des dangers de l'excision. La lutte contre l'excision est pour elle le combat et l'engagement d'une vie entière.
Elle a également saisie l’occasion pour présenter les actions réalisées depuis dont la création de ‘’la case des femmes’’, qui est un lieu de retrouvailles, de sensibilisation et d’écoute ; le système de parrainage de jeunes filles pour les mettre à l’abri de l’excision. Puis elle a annoncé l’inauguration de ‘’la maison des jeunes filles’’ dans le village de Magoin et ‘’le Festival au féminin Dan’’ qui met l’accent sur les célébrations anciennes de la fête de l’excision, mais cette fois sans l’ablation du clitoris, prévus pour le samedi 3 juillet 2021.
Raphael Okaingni