La chicha / Un tueur silencieux au visage d’ange
- Publié le 12, jui 2022
- SOCIETE
Le tabagisme tente de changer de visage en Côte d’Ivoire depuis quelques années. Les nouveaux modes de consommation du tabac, avec l’arrivée de la chicha, des cigarettes électroniques et autres inhalateurs, ont atteint une vitesse de croisière. La Côte d’Ivoire fait face à une montée de la consommation de ces nouveaux produits. Inconsciemment emprisonnés dans la politique mensongère des industries du tabac, les jeunes s’adonnent à cette pratique sans le moindre doute sur la capacité de destruction des produits inhalés.

Avec la création d’espaces dédiés, des salons chicha, des parfums de tout genre pour la consommation, le phénomène de la chicha ou de la cigarette électronique est loin de s’achever sous nos cieux. Initialement à Abidjan, les soirées chicha ont atteint l’intérieur du pays avec différents espaces dans les grandes villes comme Yamoussoukro, Bouaké, San-Pedro, Abengourou… pour ne citer que celles-là.
Tolérée dans des espaces publics comme des restaurants, glaciers et autres pâtisseries, au grand désarroi des organismes de lutte contre les produits du tabac, la chicha est une forme plus grave de tabagisme. La chicha et la cigarette électronique sont à n’en point douter des produits du tabac, des tueurs silencieux au visage d’ange.
La Chicha, le monstre silencieux (Ph : DR)
Selon le professeur Alexandre Kouassi Boko, pneumologue au CHU de Cocody, une bouffée de chicha correspond à une cigarette entière, alors qu’une session peut valoir 20 à 40 cigarettes brulées. Sa consommation, dit-il, est plus dangereuse que celle du tabac pur et simple. « Les conséquences de la consommation de la chicha vont au-delà de l’aspect santé, c’est toute la société qui en partira si rien n’est fait », soutient le professeur Boko.
La chicha prédispose à une addiction certaine au tabac
Inconsciemment pratiqué par des jeunes et des adolescents, le phénomène de la chicha pose un problème de développement durable, c’est une menace permanente pour les générations futures. Au-delà de l’exposition aux nombreux risques de maladie, la chicha conditionne et prédispose à une addiction certaine au tabac.
Une fois de plus, les spécialistes accusent l’industrie du tabac de créer les conditions d’un cercle vicieux par une communication trompeuse à l’égard de ces produits. Ils font abusivement croire que ce sont des pratiques sans risque. Alors que, selon Docteur Ernest Zotoua, directeur coordonnateur du Programme National de Lutte contre le Tabagisme, l’Alcoolisme et les Autres Addictions (PNLTA), le cigare, la chicha et la cigarette électronique sont plus dangereux que la cigarette.
La cigarette électronique, un danger (Ph : DR)
« Au début de l’industrie du tabac, ils avaient tous juré que la cigarette était sans danger. Aujourd’hui, tous sont unanimes sur le fait que la moitié de leurs consommateurs mourront du fait du tabac (...) Pour appâter les jeunes filles, l’industrie du tabac fabrique des cigarettes sous forme de rouge à lèvre, mince et effilée qui semble donner un style tendance et qui séduit les jeunes filles (...) Le cigare est présenté comme une marque d’affirmation, de bourgeoisie, de réussite sociale (…) Puis il y a la cigarette électronique et la chicha qui sont présenté comme un symbole d’appartenance. Tout cela découle de la communication trompeuse. Car au bout, il n y’a que désolation, maladie et peine », décrie Dr Zotoua.
Au regard de la vitesse avec laquelle les jeunes et adolescents se ruent vers ces nouveaux produits du tabac, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir, pour la relève. Car, comme le dénonce Prof Alexandre Boko, ce sont les adultes des 10, 20 et 30 prochaines années qui sont ainsi exposés et fragilisés par ces produits du tabac.
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Georgette Yapo