Interview SG FESCI / ‘’Notre priorité sera les congés anticipés et les docteurs non recrutés’’

Secrétaire général national de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), Allah Saint-Clair a été réélu pour un mandat de 2 ans (2021-2023) lors du 11ème congrès tenu le vendredi 17 décembre 2021, au forum de l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB). Infos d’Ivoire est allé à sa rencontre le mardi 18 janvier 2022 pour aborder différents sujets, notamment celui du phénomène des congés anticipés, la réhabilitation et la construction des résidences universitaires, le paiement des bourses, la violence au sein de la FESCI, la violence contre la Société des Transports Abidjanais (SOTRA), les axes de son nouveau mandat. Allah Saint-Clair est également secrétaire général de la Confédération Estudiantine et Scolaire d’Afrique (CESA). Interview !

Depuis combien d’années dirigez-vous la FESCI ? Quel est votre crédo ?

Je viens d’être réélu, ça veut donc dire que j’avais déjà exercé en qualité de secrétaire général, de 2019 à décembre 2021. A l’issue de la confiance renouvelée par mes camarades lors du 11ème congrès qui m’a porté à nouveau à la tête de la fédération, je serai encore aux affaires jusqu’en 2023. Mon crédo est ‘’zéro violence pour la promotion de l’excellence en milieu scolaire et universitaire ‘’.

Vous avez dit ‘’zéro violence pour la promotion de l’excellence en milieu scolaire et universitaire ‘’, Pensez-vous que votre objectif a été atteint durant votre premier mandat ?

Le système éducatif ivoirien est ce que nous tous nous connaissons et on le dit souvent qu’on ne montre pas son village avec la main gauche, mais souvent en interne on peut parler des réalités du village. Et donc les violences inutiles qui étaient encouragés par certains administrateurs parce qu’ils n’avaient plus de solutions. Nos camarades tombaient facilement dans ces choses et quand nous sommes arrivés, on avait un objectif de pouvoir mobiliser la communauté éducative autour du développement de l’école, la crédibilité de l’école et autour de la détection des élites comme hier. Donc fallait sortir la violence du système pour pouvoir créer des cadres d’échanges permanents afin de proposer des solutions pour le perfectionnement du système. Aujourd’hui, il faut dire qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, nous sommes à plus de 75% de tout ce que nous avons voulu en terme de transformation, il reste encore beaucoup à faire. Vous savez qu’il n’y a pas très longtemps, il y a eu encore des violences perpétrées par certains de nos camarades sur les agents de la SOTRA (Société des Transports Abidjanais), ça veut dire que la majorité a compris que la violence doit sortir de nos rangs. Mais il y a encore des brebis galeuses, ce qui veut donc dire qu’il y a encore du travail à faire.

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Qu’est-ce qui s’est réellement passé avec les agents de la SOTRA ?

J’ai un problème avec les ivoiriens. J’estime que ceux-ci aiment s’attarder sur ce qui est inutile, ce qui paraît malheureux pour un incident. En effet, il y a eu une altercation entre un étudiant et un agent de la SOTRA pour une question de place du fait de l’insuffisance des bus, alors tout le monde se bat pour avoir de la place dans les bus. Et lorsqu’il y a cette bousculade, du coup cela devient une affaire de FESCI contre la SOTRA, or par le passé il y avait un manque criard de bus, la FESCI était avec la SOTRA, ce qui veut dire qu’elle reste un partenaire très important pour les élèves et étudiants de la Côte d’Ivoire, mieux pour la communauté estudiantine et scolaire. Nous estimons que ce qui s’est passé n’est pas trop important mais nous aussi comme tout le monde, avons appris qu’il y a eu altercation entre deux individus, seulement que l’autre était assis et les autres étaient en masse. Ce sont deux individus qui se sont battus et vu qu’un d’entre eux est agent de la SOTRA, le machiniste à bord du bus a conduit l’engin au commissariat de police du 16ème arrondissement pour dire que son collègue a été agressé, pourtant il n’avait rien qui montrait que c’était un agent de la SOTRA. Cependant nous ne sommes pas d’accord avec et les gens doivent savoir que nous sommes loin de ça, nous aujourd’hui, on estime que ce sont des situations honteuses lorsqu’on voit les jeunes qu’ils ont recrutés. Car, ayant en eux la fougue de la jeunesse il nous accueille mal et cette manière de faire peut emmener une personne qui n’a pas le sang-froid à agir. Nous avons fait une caravane de zéro bus cassé et vous pouvez demander à la SOTRA si les bus ont été cassés durant l’année scolaire 2020-2021. Nous nous apprêtons à nouveau, avec eux, pour les sensibilisations et pour l’augmentation des bus qui pourront passés de 2 mille à 4 mille bus afin que les étudiants puissent avoir leurs lignes. Alors ce n’est pas le lieu de s’attarder sur la bagarre de deux individus qui résulte d’un épiphénomène. Nous avons parlé avec les autorités pour que le système des transports soient développés, pour que les étudiants arrivent à l’heure dans les amphithéâtres.

Parlons du système LMD à l’université. Que lui reprochez-vous ?

Nous sommes encore au niveau où le Wifi n’est même pas encore rétabli, ce qui veut donc dire que le système est encore en difficulté dans nos universités. Comme le système est en difficulté, nous créons des solutions rapides pour pouvoir sauver les années, il faut qu’on arrête de sauver les années pour qu’on aille dans les années normales comme cela se fait partout vu que c’est un système universel. Alors il est important qu’on sorte de l’amateurisme pour commencer véritablement l’application du LMD dans le système ivoirien. Pour nous, il y a beaucoup qui reste à faire.

Sous quel signe inscrivez-vous votre nouveau mandat à la tête de la FESCI ?

Mes camarades et moi, allons éradiquer le phénomène des congés anticipés qui est un phénomène honteux et qui est made in Côte-d’Ivoire. Nous allons régler la question des docteurs qui ne sont jamais recrutés après avoir donné des années de leurs vies à faire des recherches et c’est écœurant d’apprendre qu’il n’y a pas d’emplois pour ceux-ci. Ce sont les deux axes principaux sur lesquels nous allons beaucoup miser sans oublier la promotion de l’excellence. Nous promettons la réhabilitation du lycée scientifique par la mobilisation des amis de l’école pour que ce lycée qui est l’icône de l’excellence en Afrique et dans le monde retrouve ses lettres de noblesse. Egalement, la bancarisation ou le paiement électronique des bourses des étudiants pour éviter les violences répétées lors du paiement des bourses, lutter pour la réhabilitation des résidences universitaires et la construction d’autres résidences universitaires. Heureusement, nous voyons la construction des restaurants universitaires à l’université de Cocody et nous souhaitons que cela s’étende aux universités de l’intérieur du pays. Il faut que le système de l’orientation soit un système concerté et un système qui n’exclura pas l’enfant du pauvre. Ainsi, j’invite les conseillers d’orientation, les informaticiens à faire ce pourquoi ils sont payés.

A quand la proclamation de votre nouveau bureau ?

Très bientôt.

Quel bilan faites-vous de la FESCI aujourd’hui après 30 ans d’existence ?

Il faut dire que la FESCI a tant donné à l’école. La création des résidences universitaires, les universités de l’intérieur est l’œuvre de la FESCI. Les secours financiers qui avaient été annulés ont été réinstaurés grâce à la FESCI, ainsi que la réhabilitation et la construction des résidences universitaires.

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Où en êtes-vous avec la construction de votre siège ?

Nous sommes encore au niveau zéro. Nous préparons une grande cérémonie d’appel de fonds pour que nos aînés, à qui nous avons distribués les enveloppes lors du bilan des 30 ans de la FESCI au palais de la culture, nous fassent un retour ; afin qu’on puisse faire sortir ce joyau de terre.

Avez-vous un appel aux autorités dans ce sens ?

Nous sommes dans une nouvelle année et j’aimerais dire au Président de la République de penser à venir saluer les étudiants. Lorsqu’il viendra à l’université pour passer une demi-journée avec les étudiants, ce sera l’occasion pour les étudiants d’étaler leurs difficultés. Vous verrez que les choses seront plus faciles. Je pense qu’un siège où il y aura un auditorium où les organisations viendront pour leurs formations, activités, pour empêcher que les gens chantent pendant les cours et les compositions, cela doit inciter l’Etat à nous accompagner. Je vous rappelle que la FESCI fait partie des organisations qui n’ont jamais été subventionnées en Côte d’Ivoire. Or si c’était le cas, on n’aurait pas eu à attendre qu’une autorité nous vienne en aide. Donc que les autorités pensent à nous subventionner pour que les élèves et étudiants de Côte d’Ivoire puissent avoir leur siège. Nous espérons que cela finisse d’ici cette fin d’année. Aussi souhaiterions-nous avoir des véhicules à notre disposition pour effectuer nos déplacements de façon rapide.

Pouvez-vous nous faire un bref historique de la FESCI ?

La FESCI est une association d’élèves et étudiants qui tire sa source des difficultés qui minent notre système éducatif. Il faut dire qu’il n’y avait pas de résidence universitaire ou du moins c’était insuffisant et il y avait des mesures à l’école qui étaient impopulaires. Donc un groupuscule de jeunes étudiants, à la tête Ahipeaud Martial, Koné Alexis (que je salue au passage) ont décidé de mettre en place cette organisation qui a eu 11 secrétaires généraux à ce jour. Ce sont Ahipeaud Joseph Martial, Eugène Kouadio Djué, Jean Blé Guirao, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé, Jean-Yves Dibopieu, Feu Serge Kuyo, Serge Koffi, Augustin Mian, Assi Fulgence Assi (AFA) et Saint-Clair Allah (Makélélé). La FESCI est née en 1990 (32 ans).

Parlez-nous des instances de la FESCI ?

Il y a le Congrès qui est la plus grande instance, qui permet à toute la FESCI d’envoyer des mandants pour élire le secrétaire général. L’Assemblée générale qui réunit toutes les sections de la FESCI et le bureau exécutif national. Ça dépend du caractère que nous donnons à l’Assemblée générale (elle peut être ouverte à tout le monde ou rassembler juste les responsables). Le Bureau exécutif national (BEN) qui est la direction, avec le secrétaire général élu et qui compte en son sein 10 secrétariats (secrétariat général, secrétariat à l’organisation, secrétariat à la communication, secrétariat aux finances, secrétariat aux affaires académiques, secrétariat aux affaires sociales, secrétariat à l’environnement et au développement durable, secrétaire à la formation idéologique, secrétariat à la culture et aux sports, secrétariat à l’insertion professionnelle et à l’entrepreneuriat), qui animent tous les bureaux de la FESCI et les bureaux de sections (Grandes écoles, lycées, collèges, résidences universitaires, facultés…). Là où les étudiants sont réunis, ils décident d’élire leur porte-parole qui est le secrétaire général de la section. Les sections sont les représentations du BEN, c’est-à-dire qu’elles ont le même fonctionnement à la différence que c’est le BEN qui organise les élections dans les sections, c’est ainsi qu’elle fonctionne. Aussi, il existe un Conseil syndical qui réunit les élus. A la différence d’une Assemblée générale, celui-ci se rassemble de façon urgente. Il y a enfin le Comité des anciens et des sages qui est une source où les nouvelles générations vont s’abreuver en terme d’expériences, de faits passés ; parce qu’il est important pour un SG de tirer son inspiration de tous ce qui s’est passé, vu que la FESCI est née en 1990 et nous sommes en 2022.

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En tant que SG de la FESCI et de la CESA, quel est votre message à l’endroit des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire et d’Afrique ?

Je voudrais dire merci aux élèves et étudiants d’Afrique pour leur confiance, en portant leur choix sur moi. Pour cela je reste engagé pour eux et pour l’école en Afrique pour que l’école en Afrique soit à un niveau respectable, afin que nos diplômes soient compétitifs au niveau international. Je reste engagé pour que l’école en Afrique ait un visage radieux, afin que celle-ci soit crédible. Mais cela ne peut se faire dans la violence et les troubles répétés. Je les invite donc à laisser derrière nous les violences et les grèves intempestives.

Réalisée par Konan K. Toussaint

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