Formation Judiciaire / Les étudiants réclament des bourses impayées depuis 2018

L’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ) est un Etablissement Public National (EPN) de formation professionnelle. On y accède par voie de concours et les étudiants bénéficient d’une bourse d’étude durant les deux années de formation. Mais depuis 2018 certains étudiants sont en attente du paiement de leurs bourses. Ne sachant plus à quel saint se vouer, ils se sont livrés à Infos d’Ivoire le lundi 5 avril 2021.

Alors que l’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ) s'apprête à ouvrir ses portes à Yamoussoukro, certains étudiants qui sont en attente du paiement de leurs bourses depuis plusieurs mois ont décidé de sortir de l’ombre. Selon ces étudiants en formation à l’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ), il y a de nombreuses injustices et de difficultés qu’ils vivent au sein de l’institut, dont le délai du paiement des bourses et la disparité des montants alloués aux 4 écoles qui constituent l’Institut : l’Ecole de la Magistrature, l’Ecole des Greffes, l’Ecole du Personnel Pénitentiaire et l’Ecole du Personnel de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse.

Le retard dans le paiement des bourses.

Chaque année au mois de mai-juin-juillet, est lancé le concours d'accès au métiers de la justice. Les admis ont droit à une formation de deux ans, dont une année théorique et une année de pratique sur le terrain. Durant ces deux années, les étudiants ont droit à une bourse d’étude comme à l'ENA, l’INFAS, l’INFS… Cette bourse varie selon le niveau de la formation, en Cycle Moyen, Cycle Moyen Supérieur et Cycle Supérieur.

Selon nos sources, à l’INFJ les bourses sont versées en une fois durant la première année de formation et la seconde année, elle est reversée aux étudiants par tranche. Mais voilà que depuis 2018, 2019, certains étudiants notamment ceux de l’Ecole du Personnel de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse (EPPJEJ) ne perçoivent pas leurs bourses d’études. Lorsqu’ils se rapprochent de l’administration, on leur demande de patienter sans autre forme de procès et cette situation perdure. Alors que, selon eux, certains ont contracté des prêts, d’autres encore n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Car, compte tenu de la formation, ils ont dû abandonner les petites activités qui leur permettaient de gérer leurs quotidiens par le passé.

« Nous sommes admis en décembre 2019. Mais la promotion, en raison de la maladie à Coronavirus (COVID 19), a commencé les cours le 06 juillet 2020. Cependant, voyez-vous, la promotion admise en 2018 à l’Ecole du Personnel Pénitentiaire (EPP) n'a pas bien fait l'année 2019, donc ils se sont retrouvés versé à celle de 2019 avec nous. Normalement leur bourse devrait être versé en 2019 puis 2020. Mais jusqu’à ce jour où nous parlons (ndlr : lundi 5 avril 2021), ils n’ont rien reçu. Pour ce qui nous concerne, nous avons fini la première année théorique et nous sommes actuellement déployés sur le terrain pour les stages sans avoir rien perçu. Quand nous faisons des plaidoiries, on nous dit de patienter et c'est la seule réponse dont nous pouvons nous satisfaire depuis plusieurs mois, mais toujours rien en retour, alors que nous sommes en avril 2021. Certains d'entre nous, vivons des situations très difficiles, mais personne n'ose le décrier. Les gens souffrent dans le silence et personne n’en parle ou ne se soucie. », nous a expliqué un étudiant (dont nous gardons le nom).

Poursuivant son intervention sur la question du retard dans le paiement de leur bourse, notre interlocuteur a précisé : « ils sont passés durant toute l'année 2020, véhiculer des informations selon laquelle, nous aurons nos bourses et qu’ils nous demandent de patienter. Ils ont même permis à certains de prendre des prêts à la Société Générale, où presque tous ont été conduit à ouvrir des comptes bancaires. Mais depuis lors jusqu'à présent pas de bourses. Seules les greffiers ont reçu leur dû par tranche de 3 mois depuis la rentrée en juillet 2020. Tout le reste n’a rien reçu. Jusqu'en décembre 2020, ils nous disaient qu’avant 2021, nous aurons nos bourses. Quand on est rentré en 2021, ils nous ont dit qu’on n’irait pas en stage sans que les bourses ne soient payées. Mais le jeudi 11 février, ils nous ont envoyé des messages pour nous demander de nous rendre à l'école. Quand nous nous y sommes rendus, on nous a présenté les villes de stage. Et le lendemain vendredi 12 février 2021,

nous avons pris nos kits contenant les courriers de mise en stage, adressés aux différentes structures d'accueil. C’était le mercredi 10 février pour les Cycles Moyen et le jeudi 11 pour les Cycles Moyen Supérieur. Après cela, on devait être présent au lieu du stage le lundi 15 février, c'est ce que nous avons tous fait. D’ailleurs, nous étions présents dans les villes avant même le lundi 15 février. Les voyages ont été effectués le week-end, vendredi, samedi et dimanche pour certains, en fonction des localités (Man, Soubré, Korhogo, Odienné, Bouaké, Toumodi, Daloa, Gagnoa…). On était tous présents le lundi 15 février pour le stage. C’est comme ça que nous sommes allés sur le terrain sans toucher un seul centime de nos bourses. Jusqu’à présent où je vous parle, personne n'a reçu un rond. Nous marchons pour aller au service, broyons du noir, payons nos loyers difficilement pour dormir dans la faim ».

En plus de ces retards dénoncés, ces étudiants disent être victimes d’injustice parce qu’au moment où « les élèves pénitentiaires de la promotion de 2018 reversée à celle de 2019 est toujours en attente de sa bourse, comme ceux des écoles de Magistrature et du Personnel de la Protection Judiciaire de l’Enfance et de la Jeunesse de 2019, curieusement les élèves greffiers de notre promotion sont payés par tranche de 3 mois. Pourtant nous autre attendons depuis. Nous avons fini la première année, nous sommes dans le 4ème mois de la deuxième année ».

Pour ces étudiants, le souhait le plus ardent aujourd’hui est de pouvoir entrer en possession de leurs bourses dans les plus brefs délais. Raison pour laquelle, ils « appellent les ministères de tutelle et le gouvernement ivoirien à se saisir de ce dossier qui traîne dans les tiroirs de l’administration de L’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ).

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Lire la réaction de l’administration partie 1

Lire la réaction de l’administration partie 2 

Raphael Okaingni

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