Entreprise de gardiennage / Dans la galère des agents de sécurité
- Publié le 21, jui 2021
- SOCIETE
En Côte d’Ivoire, plusieurs entreprises se disputent le marché de la sécurité, tant des domiciles que des services. Cependant, derrière le beau ‘’costume’’ des agents de sécurité se cache une véritable galère, une maltraitance au niveau salarial que certains de ces agents ont voulu partager avec Infos d’Ivoire.
Pour nos témoins (dont nous gardons l’identité), il ne s’agit pas de dénoncer pour dénoncer. Ils espèrent qu’avec la mise en lumière de leur situation, les choses puissent bouger ; surtout au niveau de l’Etat pour que des mesures soient prises dans le sens de l’amélioration de leurs conditions.
« J’ai été vigile civil (ndlr : à titre individuel) pendant plusieurs années devant les résidences. Au total, ça me fait 11 ans de service en tant que gardien. Maintenant je suis rentré dans la société et on m’a mis devant cette institution ça fait deux mois (…) Chez nous, le traitement salarial diffère. Les gens disent que ça dépend des sites. Il y a des sites qui payent bien, donc les vigiles gagnent 80 mille Fcfa. Nous, actuellement on a 70 mille, avec les réductions pour les questions de tenues, chaussures et autres (…) Avant d’arriver ici, j’étais dans une autre structure vers Riviera-Attoban, où l’argent rentrait bien, mais je percevais 40 mille par mois », a expliqué notre témoin de AMK Security.
Puis, il a ajouté « Actuellement, nos amis dans plusieurs structures se plaignent de leur salaire. Ça ne va pas du tout. Avec ces miettes, si tu as une femme et des enfants, tu fais comment ? Moi-même j’ai mon fils qui est au collège à l’intérieur, ça fait plusieurs mois je n’arrive pas à lui expédier de l’argent, sans compter la maman à la maison. Avec ça, il faut payer le transport. Actuellement même, c’est son grand père qui s’occupe de lui ».
Selon ce témoin, la situation des agents de sécurité ne fait que se détériorer. Au front contre les attaques et autres vols, ce sont eux qui devront payer le pot cassé en cas de vol ou d’agression, malgré le fait que leurs vies soient en danger chaque jour de fonction. « Notre cri de cœur aujourd’hui, c’est que le gouvernement se penche sur notre cas. Nous sommes exposés au danger. En cas de vol, même si ce n’est pas nous, on nous envoie à la police. Malgré qu’on risque nos vies, nous sommes très mal payés. Si tu veux empêcher un voleur, tu risques de te faire tuer, mais tout ça pour avoir 40 ou 50 mille à la fin du mois », se désole-t-il.
Poursuivant, il a insisté sur l’action gouvernemental. « Nous appelons vraiment le gouvernement à se pencher sur cette situation pour que nous ayons aussi un salaire un peu consistant, nous sommes tous ivoiriens et citoyens du pays. Nous avons aussi des familles à nourrir (...) Avec ce salaire de misère, on fait comment pour nous occuper de nos familles ? Je n’arrive même pas à payer ma maison, le propriétaire me demande de quitter. S’il me met dehors, je fais comment pour rassembler une nouvelle caution, avec les loyers qui coûtent entre 45 et 70 mille minimum ? Donc vraiment, que les gouvernants pensent aux vigiles. Les entreprises qui nous emploient nous maltraitent », a-t-il révélé.
Bulletin de salaire d'un agent à Puissance 6
Même son de cloche chez des agents de la maison de sécurité Puissance 6 approchés. Pour l’un d’eux, le salaire n’est juste bon que pour régler le loyer, payer une partie de ses dettes, pour pouvoir s’endetter à nouveau le long du mois. « Avec ce cycle de remboursement de dette, comment peut-on préparer un avenir ? A peine, tu peux manger à ta faim », a-t-il réagi son bulletin de salaire en main, avec des yeux rougis par la douleur.
Notons que nos tentatives d’avoir une explication auprès de certaines structures dont AMK Security, Puissance 6, Delta Assistance, et bien d’autres sont restées vaines et sans suite.
Raphael Okaingni