Démocratie / Le politologue Julien Kouao clarifie les choses
- Publié le 10, mai 2021
- POLITIQUE
Du mardi 04 au vendredi 07 mai 2021, plus d’une vingtaine de jeunes issus des partis politiques et de la société civile ivoirienne ont bénéficié d’une formation sur la démocratie et la bonne gouvernance. À l’ouverture de cette rencontre, les auditeurs ont été instruits sur les fondements et les principes de la démocratie.

Bien connu dans le milieu intellectuel ivoirien, Dr Geffroy Julien Kouao parcourt les villes afin d’instruire les populations sur les valeurs de la démocratie. Le mardi 04 mai 2021, il était une fois de plus au rendez-vous pour prononcer la conférence inaugurale lors de l’académie politique KAS-2021, initiée par la fondation Konrad Adenauer, en collaboration avec le Conseil des Jeunes du District d’Abidjan (COJEDA).
Dès l’entame de son propos, le conférencier a donné la définition de la démocratie. Pour lui, la démocratie est un système politique. Elle n’est pas un régime politique encore moins une forme de gouvernement. Aussi, dit-il, il faut éviter d’opposer la démocratie à la monarchie. Celle-ci s’oppose à la république.
Une monarchie peut être démocratique (Le Japon, La Belgique, Le Royaume-Uni, etc.). Elle peut être également une autocratie (Les monarchies du golfe). Le contraire de la démocratie, c’est justement l’autocratie ou la dictature. Etymologiquement, la démocratie renvoie au primat de la volonté générale par opposition à la dictature ou à l’autocratie qui privilégie la volonté personnelle du prince, du tyran.
De son point de vue, la démocratie est un concept valorisant. Aussi, tous les Etats, des dictatures tropicales aux autocraties orientales et sud-américaines, en passant par les monarchies absolues du moyen orient, s’autoproclament démocratiques. La réalité est tout autre. Très peu d’Etats peuvent s’enorgueillir d’être démocratiques. Avant de donner les critères modernes de la démocratie, il a procédé à un aperçu historique.
En ce qui concerne les origines de la démocratie, Geffroy Julien Kouao note qu’il n’y avait de démocratie que direct. Mais paradoxalement, la démocratie est née sous les gouvernances tyranniques de Dracon, Solon, Clisthène et Périclès dans la Grèce antique. Si le droit est d’origine romaine, la démocratie, quant à elle, est grecque. Elle s’exerçait dans les agoras, les ecclésias. Le pouvoir était entre les mains du peuple et, il l’exerçait directement, sans intermédiaires ou représentants. L’honnêteté intellectuelle nous oblige à relever que certaines catégories sociales étaient exclues de la vie démocratique. Ce sont les femmes, les étrangers et surtout les pauvres. C’était donc une démocratie restreinte. Contre celle-ci, naitra, à l’époque contemporaine, le suffrage universel pour donner à la démocratie tout son éclat sémantique.
Au XX siècle, il assistera à l’opposition entre la démocratie populaire et la démocratie libérale. La première, d’inspiration marxiste, consacrait la dictature du prolétariat. Quant à la seconde, elle mettait l’accent sur l’élection, c’est la démocratie représentative. Le pouvoir appartient au peuple, mais il en délègue l’exercice aux représentants élus. La chute du mur de Berlin et la dislocation de l’empire soviétique ont été symptomatiques des insuffisances de la démocratie populaire. Le triomphe de la démocratie libérale marque une nouvelle aire.
Cette ère marquée par la Démocratie libérale repose sur trois principes distincts, cumulativement exigés : L’Etat de droit ; La liberté et l’élection.
Sylvestre Sylla