Contrôle du FPI / Vers un bras de fer Affi-Gbagbo ?

Depuis la chute du Président Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, son parti politique le Front Populaire Ivoirien (FPI) est traversé par une crise profonde. Toutes les actions en vue de l’union se sont soldées par un échec. Si pour certain le retour prochain de Laurent Gbagbo permettra de résoudre définitivement ce problème, les choses risquent de ne pas évoluer si rapidement. Aujourd’hui, après l’acquittement de Laurent Gbagbo, allons-nous assister à un bras de fer pour le contrôle du parti ? Analyse !

La crise post-électorale de 2010, n’a pas seulement causé la chute du régime Gbagbo. Les effets collatéraux de cette chute ont profondément divisé son parti politique. Deux tendances quasi-inconciliables se sont formées. D’un côté les inconditionnels « Gbagbo ou Rien » pour qui en dehors de Gbagbo, il n’y a point de salut au FPI et dont Feu Aboudrahame Sangaré était le chef de fil.

De l’autre côté la tendance des modérés ou encore les « Gbagbo et nous », dirigé par Pascal Affi N’Guessan, qui réclame la présidence statutaire. Si dans les faits, les deux tendances affirment avoir pour référant politique l’ex-président Laurent Gbagbo, ils n’arrivaient pas à s’entendre sur la stratégie. Cette division a fait perdre du terrain au parti à la rose.

Une volonté de réconciliation

Depuis le début de la crise, Pascal Affi N’Guessan s’est dit ouvert pour les discussions en vue de consolider l’union au sein du Front Populaire Ivoirien. Ainsi, en mars 2019, une rencontre entre lui, ancien premier ministre de Laurent Gbagbo et son chef a été organisé afin de briser la glace et jeter les bases de l’unité au sein de ladite formation politique.

C’est visiblement avec beaucoup d’enthousiasme que Affi N’Guessan quitte Abidjan pour rejoindre la capitale belge. D’ailleurs, avant son départ, il déclare « Je vais voir mon patron… ».

Mais, arrivé à Paris où il fait une escale, il n’arrive pas à s’entendre avec les émissaires de Gbagbo qui lui demandent de renoncer officiellement à son poste de président du parti via une conférence de presse, avant d’être reçu par Laurent Gbagbo. Une proposition qu’il juge indécente et inappropriée. La montagne annoncée a alors accouchée d’une souris. Affi rentre avec la frustration et durcie le ton.

Vers un bras de fer Affi-Gbagbo ?

En instance de jugement devant la Cour Pénale Internationale depuis 2011, Laurent Gbagbo a été totalement acquitté le mercredi 31 mars 2021. Aujourd’hui, des tractations sont en cours pour son retour au pays. Mais avant cette échéance tant attendue, Affi N’Guessan tient à faire savoir à demi-mot qu’il est prêt à tenir tête à Gbagbo. Car pour lui, il est le seul et unique responsable de la division au FPI. Pour ce fait, il demande des clarifications à Gbagbo.

« La fracture, nous ne l’avons pas mais nous en avons pris acte. Les dissidents se réclament de lui, c’est en son nom que la scission de notre famille politique a été conduite ; récemment, c’est encore en se référant à lui que le FPI a été exclu de l’alliance électorale avec le PDCI-RDA. Pour cette raison, la clarification doit venir de Laurent Gbagbo », a-t-il déclaré via un communiqué rendu public le jeudi 29 avril 2021, à la veille de la date statutaire de la célébration de la Fête de Liberté.

Poursuivant, il martèle que cette clarification est nécessaire car la responsabilité lui en incombe. Pour Pascal Affi N’Guessan, cette clarification doit se faire sur l’enjeu, l’opportunité et la signification politique de l’unité ainsi que le projet de la Côte d’Ivoire.

Visiblement, le lion du Moronou a décidé de rougir et de montrer ses griffes dans la bataille pour le contrôle du FPI. Laurent Gbagbo arrivera-t-il à unir son parti de sitôt ? Rien n’est moins sûr. Seul le temps nous dira…

Sylvestre Sylla

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