Cohésion nationale / KKB favorable à un cadre permanent de concertation avec la société civile

« Refaire de la Côte d’Ivoire un havre de paix et de stabilité », c’est ce que l’on pourrait retenir de l’adresse du ministre Konan Kouadio Bertin (KKB) à la société civile ivoirienne. C’était ce mercredi 9 février 2022 à Abidjan-Côte d’Ivoire. Ci-dessous le message de KKB à ses hôtes.

« Mesdames et Messieurs, Chers amis,

Quel plaisir de me retrouver parmi vous, vous les représentants de la société civile ivoirienne. En cet instant précis et avant d’entrer dans l’objet de cette rencontre, permettez-moi de m’acquitter d’un agréable devoir : en ce début d’année, je voudrais souhaiter à vos familles et à vous-mêmes une bonne et heureuse année 2022. Que le Tout puissant vous donne la santé, la fortune et la sagesse qui vous permettront de vous consacrer pleinement au devenir de notre cher pays.

Mesdames et Messieurs,

Si l’idée de société est encore intellectuellement en débat dans la littérature sociologique depuis que Ferdinand Tonnies l’a offerte en analyse en 1887 à travers son ouvrage Communauté et société, il n’en est pas de même du concept de société civile qui, avec le poids de ses parrains, s’est tout de suite vu offrir une stabilité analytique et une utilité pratique.

En effet, portée par les grandes institutions internationales, singulièrement l’ONU, la société civile "désigne l'ensemble des associations à caractère non gouvernemental et à but non lucratif qui agissent comme groupes de pression pour influencer les politiques gouvernementales dans un sens favorable aux intérêts de ceux qu'elles représentent. Il s'agit donc de l'auto-organisation de la société, en dehors du ou parallèlement au cadre institutionnel politique, administratif ou commercial".

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Organisations non gouvernementales (ONG), Fondations (publiques et privées), Associations professionnelles, syndicats, ainsi que coopératives et acteurs économiques dont les missions principales les définissent comme des entreprises sociales, vous qui êtes tous ici, vous représentez la société civile ivoirienne. Vous êtes des acteurs à part entière de la vie sociale de notre pays.

C’est à ce titre que vous participez au dialogue politique en cours dans notre pays, à l’initiative du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara et conduit par le Premier Ministre de Côte d’Ivoire Monsieur Patrick Jérôme Achi.

Ce dialogue qui est aujourd’hui formel avec le gouvernement a vocation à se prolonger sous une forme moins conventionnelle avec le Ministère de la Réconciliation et de la Cohésion Nationale. Ontologiquement, nous sommes faits pour travailler la main dans la main dans l’intérêt supérieur de notre pays.

Je suis, d’ores et déjà, favorable à la création d’un cadre permanent de concertation entre le Ministère de la Réconciliation et de la Cohésion Nationale et la société civile ivoirienne si tel était votre souhait.

Je vois dans cette instance l’opportunité, d’une part, de travailler à l’atteinte de nos objectifs communs, c’est-à-dire :

• Consolider un climat politique et social apaisé,

• Refaire de la Côte d’Ivoire un havre de paix et de stabilité,

• Renforcer la citoyenneté.

D’autre part, de tout mettre en œuvre pour relever les défis auxquels notre pays est confronté dont quelques-uns pourraient être de :

• Trouver des solutions inclusives et pérennes aux causes de l’instabilité politique,

• Identifier dans une démarche inclusive les entraves structurelles et conjoncturelles à la réconciliation nationale,

• Trouver les voies et moyens de parvenir à des échéances électorales apaisées.

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Mesdames et Messieurs,

Nous devons être de véritables partenaires pour réussir le pari de la réconciliation. Nous savons que votre rôle est de contribuer au développement économique et social du pays, mais aussi de veiller à ce que les droits des citoyens soient respectés et que la démocratie puisse être renforcée.

Votre regard et vos analyses sur les questions publiques nous interpellent car vous êtes chaque jour au côté de nos concitoyens.

Chers amis,

Notre pays a besoin d’une société civile dynamique, honnête et donnant moins le sentiment d’être politiquement partisane. La politique, c’est souvent une question de timing : prendre parti au moment où la survenue d’un problème sensible est actée et où les tensions sont vives, c’est prendre le risque d’être traité en adversaire. En revanche, alerter et prévenir, longtemps à l’avance, tout en proposant des solutions raisonnables peut être regardé comme une attitude constructive.

Être constructif, ne pas abimer les fragiles équilibres qui fondent notre vivre-ensemble, voilà sans doute les postures les plus productives.

C’est dans ces interstices, dans ces chemins étroits que se situe l’énorme champ d’action de la société civile.

En tant que garant du bien vivre-ensemble, il ne faut jamais se méprendre sur la mission du gouvernement. Ici ou ailleurs dans le monde, aucun gouvernement ne se paye le luxe d’être spectateur d’un ordre public troublé.

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Cette vérité n’est pas évoquée ici pour faire peur, elle doit au contraire permettre à chaque acteur de la société civile d’élever son coefficient de responsabilité et de renforcer son expertise en matière d’identification, de présentation et de traitement des problèmes politiques et sociaux qui assaillent nos jeunes nations.

Chers amis,

Entendons-nous très bien, le gouvernement ne cherche pas une société civile à sa botte, ni faire de vous des courtisans, encore moins, créer ce que le célèbre sociologue d’origine allemande Norbert ELIAS appelle un phénomène de "curialisation".

Vous devez, bien au contraire, remplir votre mission pleinement. La nation attend de vous une contribution significative à la fabrication du progrès social et politique.

A cet égard, nous devons inscrire nos actions dans la durée ; jamais sur du court terme, voire du très court terme.

Acteurs de la société civile, le Ministère de la Réconciliation et de la Cohésion Nationale est votre maison, notre maison commune. Nous devons ensemble bâtir ce projet, cette ambition collective de voir notre pays débarrassé à jamais des égarements conduisant aux conflits les plus dommageables pour notre avenir et celui de nos enfants.

J’en appelle donc à notre intelligence collective et à notre capacité à voir loin et grand. C’est à ce prix que nous construirons le pays de nos véritables espérances.

Je vous remercie ».

(Ndlr : Le titre et le chapeau sont de la rédaction) 

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