Afrique de l’ouest / Analyste Politique, Ange Djeni se prononce sur la résurgence des Coups d’Etats
- Publié le 04, mar 2022
- POLITIQUE
FACE A LA RESURGENCE DES COUPS D’ÉTATS, QUEL DOIT ETRE LA CONDUITE DE LA CEDEAO ?
L’Afrique de l’ouest francophone connait depuis quelques temps des changements constitutionnels occasionnés par des coups d’états militaires.

Après plus de 60 ans d’indépendances, comment en sommes-nous arrivés là ? Il faut relever que depuis les indépendances dans les années 1960, les Etats d’Afrique francophone ont connu des aventures politiques relativement bouillonnantes. Ces aventures souvent confrontées à l’exercice balbutiante de la pratique de la démocratie feront face sans cesse à des Coups d’Etats et des conflits armés qui vont déstabiliser très souvent la structuration des politiques et des Institutions des jeunes Etats indépendants.
Ainsi, l’on sera confronté à des crises sécuritaires sans précédent pour certains et des problèmes énormes de gouvernance politique, économique et sociale pour d’autres.
Dans le cas du Mali et du Burkina-Faso, la crise sécuritaire née du terrorisme a permis l’occupation de plusieurs régions du pays par ces derniers (djihadistes) et est lourde de conséquences avec plusieurs centaines de morts et de dizaines de milliers de déplacés, tant internes qu’externes.
Concernant la Guinée, la problématique de changement de constitution pour un troisième mandat par l’ex-Président Alpha Condé, va être préjudiciable à la vie politique de ce pays, déjà précaire avec les problèmes de gouvernance auquel le régime était confronté.
La montée en puissance de l’armée à la tête de l’Etat témoigne de l’échec cuisant des acteurs politiques avec leurs corollaires de projets de société mal ficelés et remplis d’arnaques. Si ces voies de recours sont anticonstitutionnelles et surtout antidémocratiques, elles n’en demeurent pas moins saluées par le peuple qui manifeste son ras-bol dans la mauvaise gestion de l’Etat. Le comble est que le peuple remarque que rien ne change qualitativement dans leur quotidien. Ils sont de plus en plus pauvres avec des inégalités sociales très vertigineuses et en face des élites qui s’enrichissent de façon incommensurable et grotesque. La déception et le désespoir gagnent du terrain face à la mauvaise gouvernance ponctuée de corruption démesurée et l’insécurité non maîtrisée par les pouvoirs publics. Toutes ces tares fragilisent toute la société et provoquent une grogne sociale qui ouvre la boite de pandore aux forces de défenses et de sécurité pour les Coups d’Etats.
Si ces mauvaises pratiques d’accès au pouvoir deviennent de plus en plus courantes, nous sommes alors interpellés sur le processus démocratique et le mode de gouvernance à appliquer. Bien que les élections soient le meilleur moyen démocratique pour accéder au pouvoir d’Etat, nous sommes également en droit de méditer sur l’usage du pouvoir, cas des présidents Roch Kaboré (BF), Alpha Condé (Guinée) et IBK (Mali)…
Face à cette situation, que devrait être l’attitude de la CEDEAO ?
Malgré les principes qui régissent l’institution sous régionale, nous constatons qu’aujourd’hui, l’Afrique de l’ouest est à la croisée des chemins… faut-il faire fi des principes démocratiques pour accompagner un pouvoir non constitutionnel ? Ou encore la CEDEAO devrait-elle tenir compte des contextes sociopolitiques spécifiques pour prendre des décisions ? Ou manifestement quel devrait être le rôle de la CEDEAO face à cette résurgence de Coups d’Etats ?
Il est important de souligner que la démocratie ne s’improvise pas, elle est un processus qui se construit à l’épreuve du temps. Elle nécessite beaucoup de sacrifice et de patience. Les grandes démocraties occidentales et américaines ont été construites sur plus de deux siècles et continuent de chercher la perfection tout en gardant le modèle acquis.
Ainsi, nos Institutions régionales et panafricaines, doivent comprendre que la démocratie ne se repose pas uniquement que sur la tenue d’élection. Le tripatouillage des constitutions comme des élections mal organisées constituent également des Coups d’Etats constitutionnels, donc, la gestion de ce genre de crises doit être prudente et bien mesurée.
Pour qu’une démocratie soit forte et bien enracinée, il faut bâtir des institutions fortes et solides pour garantir la stabilité politique.
Ange Djeni,
Journaliste Diplômé de l’ISTC polytechnique,
Analyste Politique
(Ndlr : Le Titre est de la rédaction)