11 avril 2011 / La LIPEC fait l’historique et interpelle sur une nouvelle crise
- Publié le 12, avr 2021
- POLITIQUE
Le dimanche 11 avril 2021 marquait la 10ème année du bombardement de la résidence des Chefs d’Etat de la République de Côte d’Ivoire et l’arrestation du couple présidentiel Gbagbo au plus fort de la crise postélectorale de 2010 - 2011. 10 ans après cette tragédie, les ivoiriens s’en souviennent encore. A équidistance des partis, la Ligue Panafricaine pour l’Eveil des Consciences (LIPEC), une organisation de société de société civile, fait un historique de la crise ivoirienne et interpelle les consciences sur l’avenir de la Côte d’Ivoire.
11 Avril 2011 - 11 avril 2021,
Nous voilà 10 ans jour pour jour après la chute du pouvoir de Laurent Gbagbo, à l'issue d'une guerre fratricide. Une guerre avec de multiples acteurs. Chacun avait des intérêts bien précis. Et 2010 a été le choc entre ces intérêts ourdis dans l'ombre et qui étaient inconciliables.
2010 a été aussi le couronnement macabre d'une longue crise. Comme toute crise, il y a généralement trois types de causes. Les causes structurelles ; Les éléments déclencheurs ; Les éléments amplificateurs.
Pour comprendre les causes structurelles, il faut remonter un peu plus loin. Certainement après la mort du Président Houphouët-Boigny (on peut remonter jusqu'à la crise économique des années 80).
En effet, après la mort du "Vieux" les rivalités politiques entre héritiers et anciens adversaires du "père de la nation" a débouché sur l'exclusion et la catégorisation des ivoiriens. Les mécontentements liés au code électoral "exclusionniste" de 1995 ainsi que les effets pervers du concept de l'Ivoirité ont jeté les bases du désastre ivoirien.
Le volcan était déjà en activité. Il fallait juste un élément déclencheur pour qu'il entre en éruption. Cet élément a été le coup d'Etat de 1999 suivi de l'exclusion de certains grands candidats à l’élection présidentielle de 2000.
La crise de 2002, n'est que la conséquence de la conjonction de toutes ces années d'incompréhension et de crise. 2010 a été la somme violente de toutes ces tensions. L'élection présidentielle de cette année a juste été un prétexte, donc un élément amplificateur qui a consacré la tragédie.
Dix ans après, la question que nous devons nous poser est comment faire pour solder ces décennies de crise ? Comment réussir à reconstruire la cohésion sociale et le vivre ensemble ?
Disons-le clairement, affirmer aujourd'hui que les ivoiriens sont réconciliés, c'est nier un conflit. C'est donc c'est jeter les bases d'une nouvelle crise. Il est plus que jamais urgent de créer le cadre de réflexion profonde et, ce à tous les niveaux pour voir comment conduire une bonne politique de réconciliation nationale. Il faut maintenant solder cette crise.
A ce niveau, le ministère de la réconciliation doit véritablement s'investir. Il est temps d'initier un vrai dialogue entre les communautés, afin de permettre à chacun de s'exprimer.
En ce qui nous concerne, nous sommes disponibles et disposés à faire le tour de la Côte d’Ivoire pour faire ce travail. Nous n'avons plus le droit de revivre 2010 ou 2020. Il est temps de tirer les leçons de ces tragédies pour concevoir l'avenir avec plus d'optimisme. Chacun doit faire sa part.
Gnamien Attoubré,
Directeur exécutif de la LIPEC,
Citoyen engagé
Ndlr : Le titre et le chapeau sont de la rédaction